Joël Aïvo a été arrêté ce jeudi, allongeant la liste des opposants interpellés depuis quelques jours au Bénin.
La vague d’arrestations se poursuit dans le rang des opposants au régime du Président Patrice Talon. Ce jeudi, le professeur Frédéric Joël Aïvo, candidat recalé du Front de restauration de la démocratie, a été interpellé en début d’après-midi à Godomey, non loin du campus de l’Université d’Abomey-Calavi où il aurait fini un cours quelques minutes plus tôt. Cette interpellation effectuée dans la rue, sans convocation, rappelle l’arrestation de Reckya Madougou, le 3 mars dernier sur le pont de Porto-Novo.
Écouté à la Brigade économique et financière (BEF), le constitutionnaliste est gardé et sera probablement présenté au procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans la journée de ce vendredi. Son interpellation intervient dans le cadre des enquêtes sur les violences qui ont agité quelques villes du pays, à la veille de l’élection présidentielle.
La veille de l’arrestation du professeur Joël Aïvo, le Président Patrice Talon, à l’occasion d’une visite aux 21 éléments des forces de sécurité et de défense blessés lors des violences à Savè, Bantè et Tchaourou, s’est fait très menaçant : « Je viens de leur témoigner toute la gratitude de la nation toute entière, mais à titre personnel, ce que j’ai vu est effroyable », a d’abord laissé entendre le Président nouvellement réélu, avant de poursuivre : « On a atteint des proportions inacceptables, et nous allons tout faire pour que cela ne se répète plus jamais », promettant que les mesures seront prises pour « identifier tous ceux qui ont été instigateurs, auteurs d’une manière ou d’une autre afin qu’ils répondent de leurs actes ».
Depuis des années, Joël Aïvo passe pour l’un des opposants les plus virulents au régime de Patrice Talon qu’il ne manque aucune occasion de critiquer. « Personne n’y croit, même pas eux.
Tout était faux depuis le début. Le recrutement des candidats, la campagne électorale et maintenant la simulation des émotions et l’explosion de joie.
Nos adversaires connaissent la vérité. Ils savent que nous connaissons la même vérité. Mais surtout, nos adversaires savent l’état d’esprit du peuple béninois à leur égard. C’est le plus important. Ces chiffres préfabriqués ne changeront rien au message retentissant du peuple béninois qui est resté maître de son destin », avait encore écrit le constitutionnaliste sur sa page Facebook, ce mercredi 14 avril 2021, au lendemain de la proclamation des résultats provisoires du scrutin du dimanche qui donnent vainqueur au premier tour le Président candidat, Patrice Talon.
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