Au Bénin, la naissance des « Hôxô » (jumeaux) est tout sauf le fruit du hasard : c’est un signe de la Providence. Ainsi, la famille qui reçoit leur visite doit s’en remettre au Fâ, seule autorité céleste mandatée par « Mahu » (Dieu) Lui-même pour conseiller quiconque ayant recours à lui.
Généralement porteurs de bonne augure, les enfants jumeaux « Hôxô » vivants ou disparus sont des « dieux » dans les régions du centre et du sud du Bénin et le culte voué à leur intention remonte à l’époque des grands rois du Dahomey. En effet, Akaba (1685-1708), quatrième des 12 principaux rois du jadis royaume du Danxome, successeur de Hwegbadja (1645-1685) son paternel, est né jumeau. A la fin de son règne, il confie à Hangbe, sa sœur jumelle qu’il n’allait pas s’éteindre comme tout le monde mais qu’il allait plutôt disparaître dans les bois pour toujours. Et avant de s’en aller, il prit sur lui le soin de lui faire les recommandations ci-après : « Tiens nonvi (sœur) ! Cette statuette est mon remplaçant ! Considère-la comme moi-même et prends-en soin. Je ne serai plus avec vous en chair et en os mais je suis et serai toujours là… et sache que notre symbole c’est « zinwô », le singe ! ». D’après l’histoire, c’est ce qui aurait permis à Hangbe de succéder officieusement à son frère de 1708 à 1711 ; les femmes n’étant pas admises à gouverner le royaume.
Depuis cet événement, la tradition a subi d’importantes réformes. Certaines habitudes et expressions courantes ont changé. Les jumeaux ne meurent plus par exemple, mais « ils vont dans les bois » plutôt… Aussi et surtout, ils doivent être représentés par des statuettes dont doivent s’occuper leurs seconds ou leurs parents. Et en plus des statuettes, ces parents doivent se faire ériger un autel où ils peuvent régulièrement invoquer leurs esprits et faire des sacrifices ou offrandes.
L’autre aspect important de ce culte est la place qu’occupent les parents de jumeaux dans la tradition. Considérés comme des dignitaires quel que soit leur degré d’implication dans les affaires coutumières, ils sont souvent sollicités pour présider certains rituels, surtout ceux ayant rapport à Hoxo.
Divinité bienfaisante, Hôxô ne s’établit que là où règne la paix. Ils naissent dans une famille pour y apporter cohésion, félicité et surtout protection. C’est pourquoi il est dit “divinité de bonheur”.
Leurs différentes manifestations, parfois à couper le souffle, relèvent du miracle; ce qui fait d’eux des divinités exceptionnelles. D’après les « Bôkonon » (Gurus, prêtres Fâ), il n’y a pas que les humains qui jouissent de leurs grâces. Les autres divinités aussi en bénéficient. Il suffirait juste de savoir les implorer.
« Hôxô kabli kôdjoé
Hwé-non vi-non kandjlè
Hôxô non atindji bô dren afo gàgà
Alan kidjà men vi kô didè
Fâ hizi bo adra hizi
Gbo dunun ma du gomen linfin
Mi kan xwé bio ! » (Cantique à Hôxô)