Bénin : « Hollande vient encourager l’excellence de la démocratie »


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Le chef de l’Etat français, François Hollande, entame ce mercredi soir une mini-tournée africaine qui le conduira au Bénin, en Angola et au Cameroun. Dans cette interview, Léon Anjorin Koboudé, journaliste béninois et directeur du magazine Afrique Union nous décrypte les enjeux de la visite au Bénin du Président français.

AFRIK.COM : Le Bénin est un petit pays d’Afrique de l’Ouest sans grand intérêt économique pour la France. Selon vous, pourquoi François Hollande a-t-il décidé de commencer sa mini-tournée par ce pays ?

Léon Anjorin Koboudé : journaliste_benin-2.jpgVous avez raison d’affirmer que le Bénin n’est pas un pays phare de l’Afrique de l’Ouest au point de représenter un intérêt économique particulier pour la France. C’est vrai, le Bénin n’est ni le Sénégal, ni la Côte d’Ivoire qui sont des alliés stratégiques et économiques de la France dans la région. Cela dit, je peux quand-même souligner le dynamisme des investissements du secteur privé français au Bénin. Le Groupe de Vincent Bolloré est emblématique dans ce dynamisme. Ce Groupe est actif dans la réhabilitation et la création de la boucle ferroviaire Cotonou-Parakou-Dosso-Niamey-Ouagadougou-Abidjan-Lomé. Le Groupe Bolloré a remporté la concession du terminal à conteneurs du Port Autonome de Cotonou. Il est prévu que le Président François Hollande visite à Cotonou Bluezone, un espace de développement d’électricité mis en place par Blue Solutions, filiale du Groupe Bolloré.

Au-delà de ce volet purement économique, il est important de reconnaître que le Bénin, pays limitrophe du Nigeria, est aussi engagé dans la coalition régionale contre la secte Boko Haram. Concernant la lutte contre la piraterie maritime dans la région, la position géostratégique du Bénin compte. Au fond, le déplacement de François Hollande est un hommage rendu à la démocratie béninoise. Une démocratie qui grandit malgré quelques difficultés de croissance. Avec la récente élection de l’opposant Adrien Houngbédji au poste de président de l’Assemblée nationale, le jeu politique a retrouvé un équilibre indispensable à la démocratie. François Hollande a d’ailleurs prévu de rencontrer le président de l’Assemblée nationale…

Le projet de révision en faveur du Président Boni Yayi est désormais écarté, et l’alternance au sommet de l’Etat s’annonce bien avec la Présidentielle prévue courant premier trimestre de 2016. Ce genre de performances que collectionne la démocratie béninoise depuis 25 ans mérite d’être distingué, quand nous voyons les atermoiements et les crises politiques qui secouent certains pays africains.

Certains observateurs voient en cette visite une façon pour François Hollande « d’encourager » le nouveau Premier ministre Lionel Zinsou qui aurait des ambitions présidentielles pour 2016. Qu’en pensez-vous ?

En faisant le déplacement de Cotonou, François Hollande répond à l’invitation de son homologue béninois, Boni Yayi. Que Lionel Zinsou ait été consulté dans la préparation de cette visite, rien d’étrange ! Monsieur Zinsou est le président de l’ambitieuse Fondation dénommée Africa France et il est normal que son expertise sur l’Afrique soit sollicitée par les autorités françaises. Par ailleurs, il a des relations très étroites avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Si votre préoccupation est de savoir si Lionel Zinsou mettra à contribution son carnet d’adresses prestigieux pour réussir un éventuel projet politique, cela paraît évident. Il ne va quand-même pas se priver de ses atouts !

La nomination de Zinsou, un Franco-Béninois aurait fait transparaître un sentiment anti-français dans l’opinion publique locale…

Sentiment anti-français ? Non, je trouve l’expression exagérée. Vous évoquez peut-être quelques publications sur internet et qui expriment l’incompréhension face à la nomination de Lionel Zinsou. J’étais à Cotonou au moment de l’annonce de la nomination du Premier ministre, je n’ai pas noté ce sentiment que vous évoquez. En revanche, la nomination a eu son effet de surprise. Même des responsables politiques de premier rang n’attendaient pas Lionel Zinsou à ce poste dans un gouvernement de Boni Yayi, un Président en perte de popularité et en fin de mandat.

C’est au pied du mur qu’on reconnait le maçon, donnons-nous donc quelques mois pour apprécier le Premier ministre à l’aune de ses futurs succès. Neuf mois, c’est peu, mais suffisant pour donner un cap, une motivation et un réarmement moral aux Béninois.

Par Léon Anjorin Koboudé

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