Près de 3 500 béninois s’apprêtent à accomplir le pèlerinage à la Mecque. Mais victimes de l’inorganisation des structures de convoyage, ils risquent de ne jamais atteindre la terre sainte de l’islam avant la fin des rituels et un premier pèlerin est mort.
Entassés comme des sardines à la Mosquée centrale de Cotonou, les pèlerins sont venus de tous les recoins du pays. Dans leur programme, ils quittent Cotonou pour Djeddah le 17 octobre 2011. Mais jusqu’à ce jour, pas de trace d’avion malgré toutes les formalités remplies. Dès lors, ils prennent leur petit-déjeuner, déjeuner et dîner aux abords des voies de Cotonou. Exposés, dans la journée au soleil, ils dorment à la belle étoile le soir dans une ville où il pleut abondamment. Se laver et faire ses besoins relèvent d’un véritable parcours du combattant. Ils souffrent le martyr. Dans ces conditions, un pélerin ayant quitté le nord du pays à plus de 500 kilomètres de Cotonou a fini par trépasser. « Il est mort de chagrins », commente un observateur de la situation.
Où sont passés les convoyeurs ?
Pendant ce temps, les responsables des structures de convoyage se la coulent douce en faisant des calculs. Le transport international était initialement prévu pour être assuré par l’agence de voyage Al Lama ; Et ce, le 17 octobre dernier. C’est sur cette base et les différents plans de vols préétablis que les fidèles musulmans se sont appuyés pour se présenter à l’aéroport passeports en mains. Mais grande a été leur surprise de constater qu’aucun avion n’était prévu pour les transporter à Djeddah. Pour avoir de plus amples explications sur ce qui se passe, certains musulmans se sont rapprochés de la structure étatique nommée Haut Commissariat au pèlerinage chargée d’organiser le voyage. Et là, ils apprennent qu’il y a eu changement d’agence de voyage. Au lieu d’Al Lama, ce sera désormais Centrafrique Air Express. Une compagnie qui n’a jamais été reconnue par les autorités saoudiennes pour transporter les pèlerins béninois vers la terre sainte de l’islam.
Fâché, le Chef de l’Etat, Boni Yayi a limogé le responsable du Haut Commissariat au pèlerinage, Rafiou Toukourou. Néanmoins, les pélerins sont toujours dans l’expectative car ils ont déboursé chacun 1 million 850 mille F Cfa, soit environs 3 mille euros, pour aller à la Mecque. Ils espèrent toujours qu’un avion viendra les chercher pour se rendre à Djeddah. L’Arabie Saoudite ferme ses frontières le 31 octobre prochain, date du démarrage proprement dit du pèlerinage. Certains musulmans, victimes de la mauvaise organisation du voyage au Bénin, regagnent déjà leur domicile. Ils sont découragés. Les plus nantis, en revanche, jettent leur dévolu sur les convoyeurs du Togo ou du Nigeria.
Au moment où le Nigeria tend vers la cinquantaine de vols vers Djeddah, le Bénin n’a pas encore un voyage à son actif pour cette édition 2011 du pèlerinage à la Mecque. Pourtant, par le passé, jamais le peuple béninois n’a enregistré de plaintes des fidèles musulmans désireux d’aller accomplir les 5 piliers de l’Islam.