Yayi Boni, l’ancien directeur de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), a remporté le premier tour du scrutin présidentiel au Bénin. L’annonce a été faite ce lundi, en début de soirée, par la Commission électorale nationale autonome (Cena) qui a publié les résultats définitifs du vote du 5 mars.
Yayi Boni affrontera au second tour Adrien Houngbédji. la Commission électorale nationale autonome (Cena) a publié ce lundi, en début de soirée, les résultats quasi définitifs du premier tour du scrutin présidentiel qui s’est déroulé le 5 mars dernier au Bénin. Le dépouillement de 96,39% des suffrages exprimés donne, avec 35,6% des voix, M. Boni vainqueur contre Adrien Houngbédji qui en totalise 24,23%. La formule Boni – une aura internationale mise au service de son pays – semble, pour l’instant, avoir conquis les Béninois. L’ancien directeur de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) aura mis fort à profit son dernier poste. Au point d’évincer l’éternel rival du Président Mathieu Kérékou, depuis l’avènement du multipartisme en 1990, Adrien Houngbédji, le leader du Parti du renouveau démocratique (PRD).
Un novice au pouvoir ?
« C’est une véritable surprise, personne n’avait imaginé un tel scénario, note Marcel Beria, journaliste-présentateur à la télévision nationale, Yayi Boni est un véritable outsider ». Pas de parti politique en effet pour ce docteur en économie de 54 ans qui a néanmoins des appuis solides. Comme celui d’Albert Tévoèdjrè, ancien représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Pour Marcel Beria, le score de Yayi Boni tient à deux raisons fondamentales : le ras-le-bol des Béninois face à la classe politique, d’où l’envie de la renouveler, et l’ampleur de la campagne menée par le M. Boni. « Les Béninois ont été sensibles à son slogan : ‘ça va changer, ça doit changer’ et Yayi Boni s’est énormément investi dans sa campagne électorale. Nous avons assisté à une campagne électorale tout feu, tout flamme ! ».
Cependant la victoire potentielle de Yayi Boni, originaire du centre du pays, ne semble pas être du goût du Président sortant. Il aurait préféré, selon le journaliste, qu’après lui, s’instaure une alternance géographique incarnée par Adrien Houngbédji, natif du Sud. De plus, le Général-Président n’apprécierait pas qu’un ‘novice’, sur l’échiquier politique national, arrive aux affaires de peur qu’il mésestime la valeur de la charge qui pourrait lui incomber. Dans tous les cas, rien n’est encore joué. Reste encore à la Cour Constitutionnelle de valider les résultats définitifs d’un scrutin qualifié de transparent par la communauté internationale, mais qui reste entaché d’irrégularités imputables en grande majorité aux difficultés rencontrées par la Cena dans son organisation.
Un scrutin dont la transparence est remise en cause
« Il y a eu de nombreuses disparités dans la distribution du matériel de vote par exemple. Des étrangers auraient voté, de nombreux immigrés togolais sont en effet encore présents sur le territoire béninois. De même que des mineurs, qui ont été interpellés par endroits par la police béninoise», affirme Marcel Beria. De nombreux recours devraient donc être déposés dans les prochains jours par les candidats. Ainsi Marie-Elise Gbédo, l’une des deux représentantes de la gent féminine à ces élections, tout comme le candidat du parti la Renaissance du Bénin, Lehadi Soglo, le fils de l’ancien Président, pourrait réclamer l’annulation du vote effectué dans le département du Littoral. Région à la quelle appartient la ville de Cotonou.
Un autre mouvement dénommé Mouvement Patriotique du Bénin — ou Mouvement des Patriotes du Bénin – (MPB) s’est également fait connaître ce lundi en tenant une conférence de presse durant laquelle il a demandé l’annulation pure et simple de ces présidentielles en affirmant que le pays était quadrillé par ses hommes. Notons, qu’il y a quelques jours, une autre formation du nom de Forces Nouvelles s’était déjà manifestée. Le pays est donc en effervescence en attendant les résultats officiels de ce premier tour qui devraient être connus au maximum dans 10 jours, ouvrant la voie à une campagne d’une semaine pour les deux candidats au second tour. Pour l’heure, les tractations entre les différentes parties vont bon train. Le nouveau Président béninois sera connu avant le 6 avril, date de la fin du mandat de Mathieu Kérékou.