Un juge de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) du Bénin vient de claquer la porte et de prendre la route de l’exil, remettant en débat la question de l’impartialité de cette juridiction.
Telle une rumeur persistante, la nouvelle de la démission et du départ en exil – pour crainte de représailles – de Essowé Batamoussi, magistrat et membre de la chambre des libertés et de la détention de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) s’est répandue hier dimanche, sans aucune confirmation officielle. Ce matin, l’intéressé s’est prononcé sur RFI, dénonçant les pressions auxquelles les juges de la CRIET sont souvent soumis.
« Le juge que je suis n’est pas indépendant tel que cela se devait d’être. Toutes les décisions que nous avons été amenés à prendre l’ont été sur pression. Je citerai la dernière, celle qui a vu le placement de dame Reckya Madougou, en détention donc. Dans ce dossier nous avons été sollicités par la chancellerie, car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à la mettre en détention. Ce n’était pas la première fois, il y a eu pas mal de dossiers où nous avons reçu des instructions de la chancellerie », a-t-il laissé entendre.
A la question de savoir si sa démission n’est pas une tentative de manipulation à quelques jours de la Présidentielle, Essowé Batamoussi répond directement : « Je ne suis pas politicien, moi je ne parle que de ma maison justice. Ce que je dénonce, c’est pour aider un tant soit peu les collègues qui y sont actuellement et qui sont sous pression, et amener le peuple à savoir qu’ils n’agissent pas de leur propre gré, mais qu’ils ont la pression du pouvoir, et essayer de nous comprendre ».
Voilà qui ramène sous les feux de la rampe les virulentes critiques formulées par une partie de la classe politique contre la CRIET qu’elle a toujours présentée comme une machine à réprimer l’opposition. L’affaire Reckya Madougou, candidate recalée du parti de l’ex-Président Boni Yayi à la Présidentielle, arrêtée, traduite devant la CRIET, inculpée de terrorisme et déposée à la prison civile de Missérété, continue d’ailleurs de défrayer fortement la chronique au Bénin. Pas plus tard que le samedi dernier, quelques personnes ont manifesté devant la prison où l’opposante est enfermée pour réclamer sa libération.