L’ancien directeur général de la Police nationale (DGPN) du Bénin, Louis-Philippe Houndégnon, a comparu devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Poursuivi pour incitation à la rébellion et harcèlement par le biais d’un système électronique, l’ex-patron de la Police nationale a rejeté les accusations et a présenté sa version des faits, marquée par des révélations sur des propositions de coup d’État qu’il affirme avoir déclinées.
Arrêté à son domicile le 13 novembre 2024, Louis-Philippe Houndégnon a comparu, ce lundi, devant la CRIET. L’ancien patron de la Police nationale plaide non coupable face aux accusations portées contre lui. Il a expliqué ses sorties médiatiques incriminées comme une stratégie visant à prévenir toute association de son nom à une tentative de déstabilisation du pouvoir. « Vous n’entendrez jamais mon nom associé à ces choses-là », a-t-il martelé devant la Cour.
Malgré sa mise à la retraite d’office, qu’il perçoit comme une radiation, Louis-Philippe Houndégnon insiste sur son respect des règles et du secret défense, tout en déclarant qu’il est aujourd’hui un simple citoyen. Cette position a été remise en question par le représentant du ministère public, qui estime que pour les hautes fonctions qu’il a occupées dans l’appareil sécuritaire du Bénin, il ne peut pas se considérer comme un citoyen lambda. Pour le représentant du ministère public, Louis-Philippe Houndégnon aurait dû faire montre de plus de retenue.
L’ex-DGPN explique l’origine du matériel militaire retrouvé en son domicile
Suite à une perquisition à son domicile, plusieurs équipements militaires ont été retrouvés, notamment des cartouches, un gilet pare-balles et des tenues militaires. L’ex-DGPN a justifié leur présence comme étant liée à son passé professionnel :
- les munitions : datant de 2005, elles étaient, selon lui, des restes de tests de validation pour un pistolet de fabrication italienne, nommé « Scorpion ». Louis-Philippe Houndégnon a reconnu que ces munitions qui n’auraient pas dû se retrouver là y ont été retrouvées en raison d’ « un oubli réel » de sa part. Il a toutefois rassuré la Cour qu’il n’avait nulle intention de s’en servir ;
- le gilet pare-balles : il a expliqué qu’il s’agit d’un équipement personnel acquis de manière privée ;
- les tenues militaires : selon le prévenu, ce sont des tenues américaines rapportées de formations militaires qu’il a suivies à l’étranger, notamment aux États-Unis et au Pakistan.
Des propositions de coup d’État déclinées
Connu pour ses compétences et sa maîtrise des armes, Louis-Philippe Houndégnon a déclaré que sa réputation d’expert en matière de sécurité suscite de la crainte. Cependant, il a tenu à rassurer la Cour sur ses intentions pacifiques : « La connaissance des armes n’est pas une aubaine pour prendre des armes et faire n’importe quoi ».
L’ancien flic a également révélé avoir reçu trois propositions de coup d’État contre le Président Patrice Talon. Ces sollicitations provenaient d’un ancien ministre et de deux officiers retraités. Louis-Philippe Houndégnon affirme avoir refusé ces offres et en avoir informé les autorités compétentes.
L’officier se dit victime de ses opinions
Rejetant avec force les deux chefs d’accusation retenus contre lui, l’ancien DGPN estime que ses critiques sur la réforme de la police républicaine, la loi sur la mise à la retraite d’office de certains éléments de la Police républicaine, de la Douane et des Eaux et Forêts ainsi que la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme sont à l’origine de ses ennuis judiciaires. Louis-Philippe Houndégnon clame haut et fort son innocence et se présente comme une victime d’injustice. La suite du procès devrait permettre d’éclairer davantage cette affaire qui tient en haleine l’opinion publique nationale. Pour l’instant, la prochaine audience est prévue pour le 24 février 2025.