Bénin, arrestation d’Olivier Boko, Oswald Homeky et du commandant de la Garde républicaine : ce qu’on en sait


Lecture 5 min.
Arrestation
Arrestation

On en sait un peu plus sur le dossier de l’arrestation, dans la nuit du lundi au mardi, de trois éminentes personnalités de la République du Bénin : l’homme d’affaires Olivier Boko, ami intime du Président Patrice Talon, Oswald Homeky, ancien ministre des Sports du même Président, et le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la Garde républicaine. Ceci, grâce à une déclaration faite mardi soir par les avocats d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky.

Partie telle une rumeur lancinante sur les réseaux sociaux, aux premières heures du mardi 24 septembre 2024, l’arrestation de l’ami personnel de Patrice Talon, Olivier Boko, a fini par s’avérer au cours de la journée. Mieux, l’interpellation de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homeky, et du commandant de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, a été également annoncée. Tout ceci sans qu’aucune voix autorisée ne confirme les faits jusque dans la soirée où les avocats d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky ont fait une déclaration de presse pour indiquer les circonstances des interpellations des trois hommes.

Les circonstances des interpellations

Suivant le récit des avocats, la première personne à être interpellée est Olivier Boko. L’homme d’affaires « se rendait sur invitation, aux environs de 23 heures 47 minutes, comme à l’accoutumée au domicile du président de la République. Alors que Monsieur Olivier Boko était en compagnie de son épouse, il a été intercepté à la hauteur de l’ancien siège de la SONACOP (Société nationale de commercialisation des produits pétroliers, ndlr) […] par un véhicule banalisé dont la plaque d’immatriculation n’était pas non plus apparente. Des individus armés en sortirent, mettant Monsieur Oliver Boko et son épouse en joue ». Selon les avocats, l’homme d’affaires a ainsi été conduit vers une destination inconnue tant d’eux-mêmes que de sa famille.

Oswald Homeky, pour sa part, a reçu, aux environs de 2 heures du matin, la visite des éléments de la Brigade criminelle. Sur place, ils virent le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, un ami de longue date d’Oswald Homeky, selon les avocats. « Une fois dans la concession, les policiers sous les ordres du Commandant de ladite brigade, présent sur les lieux, se sont directement dirigés vers l’un des véhicules de Monsieur Homeky en stationnement dans son garage. Ils ont procédé à la perquisition dudit véhicule et y ont découvert des numéraires qu’ils ont saisis », précisent les avocats. Après la découverte de l’argent, les policiers conduisirent manu militari les deux hommes à la Brigade criminelle.

Dénonciations et exigences des avocats

Pour les avocats, les droits de leurs clients ont été sérieusement violés. Pour le cas d’Olivier Boko, les avocats rappellent que l’homme d’affaires ne faisait l’objet d’aucune procédure judiciaire, pas plus qu’il n’avait été visé auparavant, ni par une convocation, encore moins par un mandat d’amener ou d’arrêt. Par conséquent, son arrestation ainsi que les circonstances dans lesquelles elle a été opérée sont constitutives de fait de violations graves de « la Constitution, des lois internes ainsi que des conventions régionales et internationales auxquelles notre pays est partie ». Même chose pour les cas d’Oswald Homeky et Dieudonné Tévoèdjrè. Là-dessus, les hommes en toge invoquent l’article 20 de la Constitution, le Code de procédure pénale en son article 53 qui « interdit toute visite domiciliaire perquisition et saisie au-delà de 21 heures et avant 6 heures pour des faits d’atteinte à la sûreté de l’État tel que reprochés à Monsieur Oswald Homeky ».

Poursuivant leur développement, les avocats dénoncent l’illégalité de la procédure d’interpellation des deux hommes en rappelant qu’eux non plus « n’ont jamais auparavant fait l’objet d’une convocation de la police à laquelle ils n’ont pas déféré, pas plus qu’ils ne sont actuellement visés par un mandat d’amener ou d’arrêt ». Et d’ajouter : « Par la suite, poursuivant l’illégalité contre Monsieur Oswald Homeky, bien que l’ayant assisté pendant son interrogatoire, les avocats de ce dernier ont été empêchés de le rencontrer après la notification de sa garde à vue nonobstant nos démarches à l’endroit du procureur spécial près la CRIET ».

Au regard des éléments qu’ils ont exposés, les avocats exigent la libération immédiate et sans condition de leurs clients. Pour le cas précis d’Olivier Boko, ils exigent « des autorités politico-judiciaires [du] pays des clarifications immédiates quant aux lieu et conditions » de sa détention « et quant aux faits qui lui sont reprochés ».

En toile de fond, une accusation d’atteinte à la sûreté de l’État

Si les motifs qui sous-tendent l’arrestation des trois hommes ne sont pas encore officiellement connus à cette étape, puisque les autorités judiciaires du pays ne se sont pas encore exprimées sur le sujet, ils transparaissent tout au moins pour Oswald Homeky dans la déclaration de ses avocats qui évoquent une « atteinte à la sûreté de l’État ». Les heures qui viennent s’annoncent cruciales pour la connaissance des contours de cette affaire qui polarise l’attention des Béninois, depuis hier.

Pour rappel, les relations entre Patrice Talon et son ami et partenaire de longue date, Olivier Boko, ont commencé par se détériorer depuis que des mouvements politiques se sont mis à fleurir sur le territoire et à susciter et soutenir sa candidature à la Présidentielle de 2026. D’ailleurs, en octobre dernier, Oswald Homeky, alors ministre inamovible du gouvernement, depuis l’accession de Patrice Talon au Palais de la marina, a dû démissionner de son poste pour avoir ouvertement exprimé son soutien à Olivier Boko. Cette sortie solitaire avait fortement déplu au Président Patrice Talon qui aurait vertement tancé son ministre, au sortir du conseil des ministres réuni, le jeudi 5 octobre 2023. Le lendemain, Oswald Homeky avait déposé le tablier.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News