Comme dans plusieurs pays d’Afrique, gagner sa vie au Bénin n’est pas une mince affaire. A Cotonou, la grande métropole par exemple, les activités génératrices de revenus se comptent par centaines de milliers. Chose normale car les Cotonois connaissent tous par cœur le refrain : « Il n’y a pas de sot métier ! ». Ensemble, allons à la découverte d’un des moyens de transport les plus populaires du Bénin : « Tokpa-Tokpa ».
Très prisé à Cotonou et ses environs, « Tokpa-Tokpa » est un mode de transport en commun à ligne régulière dont la destination finale est le marché international « Dantokpa » ou « Tokpa » tout court (lire l’article sur le marché Dantokpa). Omniprésents sur presque toutes artères principales de Cotonou, ces minibus d’occasion, plus vieux les uns que les autres, font le bonheur des populations avec leurs tarifs bas. C’est la bonne affaire des usagers du grand marché, car deux à trois fois moins chers que les taxis-ville d’ordinaire. De plus, ils sont très réactifs et s’arrêtent presqu’automatiquement quand un client leur fait signe, soit pour monter à bord, soit pour en descendre.
Souvent, ils prennent départ de Porto-Novo, de Calavi et de Pahou, un assistant-chauffeur (la plupart du temps, ce sont des adolescents de 14 à 16 ans qui jouent ce rôle), véritable harangueur de foule à l’arrière du bus, la tête et le bras droit hors du bus par l’une des fenêtres, vociférant « Tokpa ! Tokpa ! », formule d’appel des clients. Et dans le bus, c’est l’assistant du chauffeur communément appelé « apprenti » qui se charge de récupérer l’argent chez les passagers à bord. Le chauffeur, lui, se contente de conduire.
Debout déjà à 04h ou à 05h du matin, le bon conducteur de « Tokpa-Tokpa » nettoie son bus, première tâche de la journée ; après quoi, il se rend sur un des parcs de stationnement, généralement proche de là où il habite. Là-bas, son apprenti l’attend déjà. A moitié plein (parfois seulement quelques passagers), le bus quitte le parc à 06h et se remplit au fur et à mesure qu’il avance.
Approchée, une maman commerçante tenant une boutique d’alimentation à Godomey dans la commune d’Abomey-Calavi, nous a confié : « Moi, je suis une habituée des « Tokpa-Tokpa ». Ils sont moins chers. Avec 300f, je vais à Tokpa pour mon approvisionnement hebdomadaire contre 600 ou 700f que réclament les taxis-ville. Aussi, dans le bus, on ne s’ennuie jamais. J’y croise presque toujours une pipelette comme moi, avec qui je parle de tout et de rien (rire !) … »
« Tokpa-Tokpa », c’est aussi et surtout un apporteur d’affaires pour les garages automobiles. En effet à l’achat, les minibus d’occasion sont, dans la majorité des cas, dans un état de défection avancée. Et c’est aux artistes garagistes qu’est confiée la lourde tâche de les retaper moyennant bien-sûr des contreparties financières non-négligeables.
Fort incrusté dans le quotidien des béninois de Cotonou et de ses environs, « Tokpa-Tokpa » offre des expériences de transport uniques qu’il faudrait vivre, si jamais vous faites un tour au Bénin.