Bénin, 464 prisonniers graciés : quid de Joël Aïvo et de Reckya Madougou ?


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Le Président du Bénin, Patrice Talon
Le Président du Bénin, Patrice Talon

À l’occasion de la célébration du 64e anniversaire de l’indépendance du Bénin, le 1er août, le Président Patrice Talon a gracié quelque 464 prisonniers, dont des personnes condamnées dans le dossier des violences électorales de 2021. Mais, sur la liste ne figurent pas les noms de Joël Aïvo et Reckya Madougou.

Comme il est de coutume à l’occasion de l’anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté nationale et internationale, le Président béninois a accordé la grâce présidentielle à des prisonniers condamnés dans diverses catégories d’affaires. Au total, 464 détenus ont bénéficié de cette grâce confirmée par deux décrets pris, ce vendredi 2 août 2024. Le premier décret concerne 27 personnes reconnues coupables et condamnées par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) pour des faits de « tentative d’atteinte à l’intégrité du territoire national », « complicité d’atteinte à l’intégrité du territoire national », « incitation à la commission d’actes terroristes » et « provocation et participation à un attroupement armé », entre autres. Des chefs d’accusation retenus contre ces personnes dans le cadre des violences électorales de 2021.

Le second décret concerne quelque 437 détenus condamnés à des peines criminelles ou correctionnelles par une décision définitive des juridictions de la République du Bénin, au 31 juillet 2024.

Aïvo et Madougou toujours absents de la liste

Une nouvelle fois, les noms des opposants au régime de Patrice Talon, Joël Aïvo et Reckya Madougou ne se retrouvent pas sur la liste des personnes graciées par le chef de l’État. Les deux opposants sont dans leur troisième année d’incarcération. Condamnés respectivement à 10 ans et à 20 ans de prison ferme, les deux opposants croupissent en prison, depuis 2021, en dépit des nombreux appels à leur libération qui n’ont cessé de fuser de toutes parts, depuis lors. Le Président Patrice Talon, pour sa part, reste jusque-là rigide dans sa position de ne pas gracier les deux condamnés.

Fin décembre 2023 encore, Patrice Talon soutenait qu’il n’est pas question de « sélectionner 10, 20, 30 personnes dans le pays, et dire ceux-là, on les amnistie de tout ce qu’ils ont fait. Quel que soit ce qu’ils ont fait ! Ce n’est pas possible ». Un mois plus tôt, à l’occasion d’une audience qu’il a accordée à son prédécesseur, Boni Yayi, accompagné de trois hauts cadres de son parti, Les Démocrates, Patrice Talon avait déjà montré son intransigeance notamment sur le cas Reckya Madougou en déclarant qu’il n’y aurait pas de grâce présidentielle pour l’ancienne garde des Sceaux du Bénin.

Et pourtant, un acte de Patrice Talon dans ce sens ne ferait que renforcer la cohésion nationale et donner de lui une meilleure image auprès de sa population. Lui qui est à deux ans de la fin de son second et dernier mandat, et qui, en 2016, avait prédit qu’à la fin de sa présidence, ses concitoyens allaient le porter en triomphe.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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