Luc Bendza est d’origine gabonaise et vit en Chine depuis 19 ans. Il est conseiller technique à la Fédération internationale des arts martiaux (FIAM) à Pékin. Acteur de cinéma et enseignant de wushu, il est la star africaine de l’empire du Milieu. Rencontre.
Quand on rencontre le Gabonais Ben Zha, de son vrai nom Luc Bendza, tous les préjugés sur la Chine et les Chinois tombent. Ce fils de la forêt équatoriale de 33 ans semble complètement épanoui chez les Mandarins. Il parle couramment la langue de Mao Zedong, vit à Pékin, enseigne l’art martial chinois, le wushu, sur tout le territoire chinois et est régulièrement à l’affiche des meilleures productions cinématographiques de Hong Kong.
Afrik : Dans quelles conditions êtes-vous arrivé en Chine ?
Bendza : Jeune à Libreville, mes héros préférés étaient les grands acteurs chinois, Bruce Lee, Jacky Chang et comme mon oncle était, dans les années 80, Premier conseiller à l’ambassade du Gabon à Pékin, j’ai saisi l’occasion. Je suis arrivé en 1983 en Chine, juste un an avant l’ouverture du pays vers l’extérieur.
Afrik : Que s’est il passé ensuite ?
Bendza : Mon oncle m’a inscrit au monastère Shaolin, situé dans le centre du pays. J’y ai passé un an et demi à apprendre le taoïsme et le wushu, un art martial chinois qui regroupe une multitude des disciplines dont le kung-fu. Ensuite, j’ai fait 18 mois à l’Institut des langues étrangères de Pékin pour parfaire mon chinois. A la suite de cette formation, je suis entré à l’Université des sports de Pékin pour approfondir mes connaissances en wushu et étudier l’acuponcture, les massages et la médecine traditionnelle chinoise. Je suis titulaire d’un doctorat en médecine chinoise. Je travaille depuis 5 ans à la Fédération internationale des arts martiaux, où je suis conseiller technique. Je m’occupe spécifiquement de la zone Afrique.
Afrik : Comment s’est passée votre intégration en Chine ?
Bendza : Assez facilement. Les Chinois et les Africains se ressemblent à bien des égards sur le plan culturel. En chine comme en Afrique, les valeurs de base sont le respect de l’autre, la simplicité, la modestie. Mais, il n’en demeure pas moins qu’un Noir reste dans certaines régions de Chine une curiosité. Hormis à la télévision, certains Chinois n’ont jamais vu de Noir.
Afrik : En Chine, vous êtes également connu comme un grand acteur de cinéma. Quand et comment s’est passé votre premier contact avec le 7ème art ?
Bendza : C’était en 1992, lors d’une compétition au temple Shaolin. Monsieur Lowei, l’ex-manager de Bruce Lee était là. Il m’a vu combattre et a beaucoup aimé. Il m’a alors proposé de faire un film avec lui mais malheureusement le projet n’a jamais abouti. Il est mort quelque temps après. Cette rencontre avec Lowei m’a ouvert la voie du cinéma puisque le directeur de Hong Kong films et Francky Chang (un ami de Jacky Chang, ndlr) m’ont contacté par la suite. J’ai tourné avec eux : » L’extrême challenge « , » Le dragon est Shaolin « , » Vivre et mourir à Chicago « , » Le rêve s’arrête au paradis « , » L’expert noir du wushu « ,…
Afrik : A quoi vous sert votre notoriété ?
Bendza : A donner une image positive de l’Afrique. A enseigner les arts martiaux. A parcourir en ce moment le monde pour expliquer aux membres du Comité international Olympique (CIO) que le wushu doit devenir une discipline olympique comme le judo et le taekwondo. Et enfin pour prouver à mes frères africains que tout est possible même en Chine. Il suffit de travailler, d’être humble et simple.
Afrik : Êtes-vous marié ?
Bendza : Non. Je ne suis même pas fiancé. En ce moment, je voyage un peu trop et ce n’est pas l’idéal pour fonder une famille. Mais rassurez-vous, j’y pense et même sérieusement.