Après 23 ans de règne, Zine El Abidine Ben Ali a quitté le pouvoir vendredi sur la pointe des pieds. Il a laissé la Tunisie entre les mains de son premier ministre Mohamed Ghannouchi après avoir vainement essayé de calmer la colère populaire. Avec son départ, une page dans l’histoire de la Tunisie est tournée.
Le nouveau président de la République tunisienne s’appelle Mohamed Ghannouchi. Le premier ministre tunisien assure désormais la présidence de la République par intérim « à la demande » de Zine El Abidine Ben Ali. Le chef de l’Etat a quitté le pays et aurait atterri à Paris vendredi après-midi, selon la chaine d’information El-Djazeera. D’après la même source, des membres de la famille Trabelsi, la belle famille de Ben Ali, auraient été arrêtés par l’armée alors qu’ils tentaient de quitter le pays.
Mohamed Ghannouchi a promis de respecter la constitution ainsi que de rétablir la stabilité dans le pays, secouée par une violente agitation sociale depuis le suicide par immolation du jeune Mohamed Bouaziz à Sidi Bouzid, le 17 octobre dernier. « Comme le président est temporairement dans l’incapacité d’assumer ses devoirs, il a été décidé que le Premier ministre exercerait provisoirement ses fonctions », a-t-il déclaré lors de son allocution télévisée. « Je jure de respecter la constitution et de mettre en œuvre les réformes politiques, économiques et sociales qui ont été annoncées (…) en consultation avec toutes les composantes politiques, y compris les partis politiques et la société civile », a-t-il promis.
Une marche hostile à Ben Ali était organisée ce vendredi à Tunis et en province, au lendemain du discours prononcé par le président lors duquel il promettait une série de réformes et s’engageait à ne pas briguer de nouveau mandat en 2014. Face aux manifestations massives de ce vendredi après-midi, il avait annoncé la dissolution du gouvernement et la tenue d’élections anticipées d’ici six mois.
Le président Ben Ali est bel est bien parti mais pas de scène de liesse pour l’instant dans les rues de Tunis. Quelques heures avant son départ, il avait décrété l’Etat d’urgence et un couvre-feu dans tout le pays, interdisant tout rassemblement sur la voie publique et autorisant l’armée à tirer sans sommation.
Au moins 12 personnes ont été tuées lors d’affrontements avec la police à Tunis et dans la ville côtière de Rass Jebel, dans la nuit de jeudi à vendredi, après le discours prononcé par le président Ben Ali dans lequel il promettait que les forces de l’ordre ne tireraient plus à balles réels. Depuis le début des troubles mi-décembre, au moins 66 personnes ont été tuées, selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH).