Bélo, jeune chanteur et musicien haïtien est le dernier lauréat du Prix Découvertes RFI. Il est en tournée en Afrique jusqu’au 11 mai.
Auteur, compositeur, interprète, Jean Bélony Murat dit Bélo est né en octobre 1979 à la Croix-des-Bouquets, en Haïti, et a grandi à Pétionville. Son style, très marqué par le reggae mêle aussi des influences soul et se veut ouvert aux autres musiques de la Caraïbe. Lauréat du Prix Découvertes RFI en 2006, il inscrit son nom aux côtés d’artistes que cette récompense a permis de révéler sur le plan international, tels que Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Sally Nyolo, Rajery, ou son compatriote Beethova Obas. Son premier album, Lakou Trankil, sorti en août 2005, raconte la vie et les problèmes que traverse son pays. Mali, Togo, Ghana, Niger, Burkina Faso et Sénégal… Il est depuis le 17 avril et jusqu’au 11 mai en tournée en Afrique.
Afrik.com : Comment êtes-vous devenu musicien ? Qui vous a influencé dans ce choix ?
Bélo : J’ai choisi de faire carrière dans la musique à l’âge de 11 ans. A l’occasion de la Fête du livre, en Haïti. J’ai interprété une chanson de Buju Banton, l’un de mes artistes préférés. Il y avait là des chanteurs confirmés tels que Easy One qui m’ont conseillé de me lancer. Quelques temps plus tard, en 1994, j’ai formé un groupe avec des amis. Il s’appelait Méga Boys. En 1997, j’ai rencontré San, un artiste qui m’a conseillé d’apprendre à jouer un instrument. Je me suis mis à la basse, puis à la guitare, de manière autodidacte. Avec San, on a participé à beaucoup de concerts. On faisait les levers de rideaux de groupes comme Boukman Experyans. A cette époque, j’ai fait la connaissance de Fabrice Rosie et de Clément Belizaire, du groupe Haïtian Troubadour, qui m’ont abordé pour un projet d’album, en 1998. J’étais dans le secondaire, alors on s’est donné rendez-vous pour après les études. En 2001, je suis rentré à l’université pour faire des études de comptabilité, et en 2005 j’ai terminé. Là, j’étais prêt à me donner à la musique totalement. Et j’ai réalisé mon premier album solo, Lakou trankil, qui est sorti en août 2005.
Afrik.com : Dans votre musique, l’influence du reggae est très forte. En Haïti, la musique reine est le compas. Pourquoi ce goût pour celle de l’île voisine, la Jamaïque ?
Bélo : Je fais toutes sortes de musiques, avec une originalité. Dès qu’on les entend, on sait que c’est Bélo. Dans mon album, il y a une variété qui met en évidence ma polyvalence et montre que je peux jouer certains styles musicaux tout en restant moi-même. De plus, nous Haïtiens, sommes caribéens, américains, africains, influencés par toutes sortes de styles, une mosaïque de couleurs culturelles. Le reggae est l’une d’entre-elles. C’est une musique à message. Et dans mon album, je fais passer des messages d’amour, de paix. Il y a aussi des chansons à caractère social.
Afrik.com : Haïti a connu ces dernières années des tensions politiques aiguës. Peut-on vous qualifier de chanteur engagé à l’égal de Wyclef Jean, par exemple, qui soutenait très clairement Jean-Bertrand Aristide et le parti Lavalas, puis René Préval, l’actuel président ?
Bélo : Je suis politiquement très neutre. C’est surtout le social qui m’intéresse. Par exemple, Lakou trankil, qui est le titre de mon album ainsi que celui d’une chanson qui y figure, demande à tout le monde de respecter les règles. Ca s’adresse à tous les partis quelque soient leurs bords. Je lance des messages utiles à toute la société et pas qu’à une partie seulement.
Afrik.com : Vous avez obtenu le Prix Découvertes RFI en novembre 2006. Que représente-t-il pour vous ?
Bélo : C’est d’abord une fierté nationale. Je ne l’ai pas reçu en mon nom, mais avant tout en celui de mon pays. C’est la preuve qu’à Haïti, il n’y a pas que des barbares, de la violence. Il n’y a pas que Cité Soleil et les problèmes politiques. Pour moi, ce prix, c’est un moyen de faire rayonner l’image du pays à l’extérieur.
Afrik.com : Vous avez reçu votre prix à Douala, au Cameroun. Comment avez-vous vécu cette première rencontre avec l’Afrique ?
Bélo : Avec RFI, c’était la première fois que je me rendais en Afrique, mais c’était aussi la première fois que je quittais mon pays. J’ai donc eu une double satisfaction. Pour tout Haïtien, aller en Afrique c’est quelque chose de très excitant. Parce que les Haïtiens sont aussi Africains malgré la distance, on se considère comme des petits-fils de Béninois, de Congolais, de Camerounais… Pour nous, c’est comme se retrouver en terre natale. Et j’ai eu le plaisir d’être bien reçu par nos frères.
Afrik.com : Quelles sont vos perspectives pour cette année 2007 ?
Bélo :Après la tournée en Afrique, en avril-mai, j’irai en Amérique latine. Puis, le 19 mai, je serai aux USA, dans un grand festival haïtien. Les 20 et 21 mai, je serai au Festival des musiques métisses d’Angoulême, en France. Puis je serai au Québec en juin-juillet. En somme, je serai occupé jusqu’en septembre. Mon nouvel album était prévu pour le mois d’avril, mais avec cet emploi du temps chargé, ce sera pour 2008.
Les prochaines dates de concert de Bélo en Afrique : Centre culturel franco nigérien de Niamey (30 avril), Centre culturel français de Ouagadougou (3 mai), CCF Bobodioulasso (07 mai), CCF Dakar (11 mai).