Marie Chassan est créatrice de bijoux. Lancée il y a deux ans, sa griffe, Cafrine, est de plus en plus reconnue dans le milieu de la mode. Forte de dix années d’expérience, la jeune Réunionnaise reste encore obligée de sous-traiter pour les grands couturiers. Pièces uniques et universelles, son travail est influencé par des racines africaines dont elle est particulièrement fière. Interview.
Cafrine by Marie Chassan. Créer des bijoux : un métier, une passion. En lançant, il y a deux ans, sa propre griffe, la jeune créatrice réunionnaise a réalisé un rêve d’enfant. Si sa marque commence sérieusement à se faire un nom dans le milieu de la mode, il lui reste encore du chemin à parcourir pour qu’elle puisse s’affranchir du travail d’atelier qu’elle réalise pour quelques grands noms de la Haute Couture. Fille de la diaspora, elle souhaite, à travers ses créations, affirmer son identité et démontrer toute la créativité et le savoir-faire de son île.
Afrik : Quelle formation avez-vous suivi ?
Marie Chassan : J’ai quitté la Réunion à 18 après mon bac pour la Suisse où j’ai intégré, sur concours, une école de bijouterie « métaux précieux ». J’y suis restée quatre ans, un cycle normal de bijoutier. Ça fait dix ans aujourd’hui que je suis dans le métier.
Afrik : Etait-ce une vocation ?
Marie Chassan : A la Réunion, j’habitais près d’une mercerie. J’allais récupérer, chaque soir, les perles que la dame de la boutique jetait en balayant. Je devais avoir une dizaine d’années. C’est comme ça que j’ai commencé à faire mes premiers colliers. J’ai même commencé à en vendre quand je suis rentrée au collège. Et il arrivait même qu’on me passe directement commande.
Afrik : Comment vous êtes-vous décidée à lancer votre marque ?
Marie Chassan : Ma griffe existe depuis deux ans. C’est la directrice de l’institut de mode méditerranée à Marseille, Mme Maryline Vigouroux, qui m’a poussée et aidée à réaliser mon rêve. J’ai lancé ma marque pour promouvoir l’artisanat réunionnais et pour dire qu’on existe dans la communauté africaine.
Afrik : D’où vient le nom de votre griffe ?
Marie Chassan : Le mot cafrine désigne, à la Réunion, les filles des îles d’origine africaine. J’ai choisi ce nom pour bien marquer la force des liens qui existent entre mon île et l’Afrique.
Afrik : Vous créez des bijoux pour la Haute Couture. Comment travaillez-vous ?
Marie Chassan : C’est vrai que, depuis quatre ans, je suis petite main pour les grands couturiers de Paris. Je fais un travail d’atelier. On travaille sur un fonds de matières. Cela peut être une chute de tissu. A nous de confectionner un bijou qui soit en harmonie avec cette base. On peut également travailler sur un modèle en coordination avec le styliste qui nous explique ce qu’il veut.
Afrik : Pour quels couturiers avez-vous déjà travaillé ?
Marie Chassan : Je n’ai pas le droit de divulguer les personnes pour lesquelles je travaille. C’est stipulé dans mes contrats. Les pièces que je réalise sortent de mon atelier pour aller directement dans les boutiques des couturiers et sont griffées sous leur nom.
Afrik : N’est-ce pas un peu frustrant pour la créatrice que vous êtes ?
Marie Chassan : Si, mais au-delà des paillettes du milieu de la mode, il y a la réalité. Les contrats en free lance (indépendant, ndlr) nous permettent de rentrer de l’argent en périodes creuses. Certains créateurs de bijoux ne sont pas d’accord avec cette technique et refusent travailler pour les autres. On peut se le permettre quand on vit en couple ou quand on n’a pas d’enfant, mais j’ai une famille à nourrir. Et quand on vous commande dix ou quinze pièces ce sont autant de revenus qui tombent. Quand j’aurais acquis une certaine renommée je pourrais arrêter de travailler en free lance.
Afrik : Vos pièces sont-elles uniques ?
Marie Chassan : Pour la marque Cafrine, je fais beaucoup de pièces uniques. Je travaille sur commande avec une clientèle très large. Pour les boutiques mais également pour des personnes qui veulent un bijou assortie avec une tenue particulière.
Afrik : Vous travaillez uniquement à la commande ou vous fonctionnez également par collections ?
Marie Chassan : Je ne travaille pas par collection. Au-delà des salons, je me base sur trois grands événements : la Fête des mères, l’été et les fêtes de fin d’année. Je regarde les grandes tendances au niveau des couleurs et je travaille en conséquence.
Afrik : Combien avez-vous déjà réaliser de pièces ?
Marie Chassan : Je n’ai jamais compté. Pour Cafrine, j’ai du en faire près de 1 000.
Afrik : Combien de temps de travail exige une pièce ?
Marie Chassan : C’est variable, mais j’ai des pièces auxquelles j’ai consacré plus jusqu’à 36 heures de travail.
Afrik : Vous avez participé au Festival international de la mode africaine (Fima). Avez-vous réalisé une collection particulière pour l’événement ?
Marie Chassan : Pour le Fima, j’ai créé la collection « Cameroun voilà » qui comprenait huit pièces. J’ai axé mon travail sur le mélange des couleurs et des matériaux. J’ai notamment utilisé des graines de job qui viennent du Cameroun et du Sénégal et du bronze que j’ai ramené du Mali.
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