La diva de la musique togolaise nous quittait le 10 décembre 1973, alors qu’elle était au sommet de sa gloire. Bien des années après sa tragique disparition, que laisse cette beauté vocale et physique à la nouvelle génération ?
Plus de trois décennies après la mort de Bella Bellow, le Togo musical est plus que jamais à la recherche d’un artiste digne de son talent. Plus qu’une artiste de la chanson, Bella Bellow était aussi un label, un mythe. Une fois décédée, celle qui a rayonné de par le monde par son talent, a été très vite oubliée. Le seul hommage officiel rendu à cette grande dame s’est juste limité aux billets de 10.000 FCFA et aux timbres postaux frappés à son effigie.
Les années qui ont suivi ont vu certains de ses frères et sœurs artistes lui rendre hommage à leur manière. Qui pour reprendre ses chansons, qui pour la chanter. Sa compagne, la feue Akofa Akoussah, a ouvert le bal avec la reprise de son célébrissime « Dényigban ». D’autres artistes, à l’instar de Dee Kwarel, Angelique Kidjo, Shandy, Bibish Mola, le Togolo-Camerounais Ribouem (son album 100% saxo s’appelle Les fleurs de Bella Bellow), et l’étoile montante de la musique togolaise Vanessa Worou, qui s’affirme déjà comme la digne héritière de la diva, ont loué son talent.
Avec le disque Bénin passion vol.4: Les sucrées de Bella Bellow, le journaliste de Radio France, Jean-Luc Aplogan, a tenu à marquer d’un sceau indélébile, la valeur de cette dame qui a écumé les grandes scènes du monde. C’est justement là où on découvre le talent de la jeune Vanessa dans les reprises tels Zelié, Nye dzi, Bouyelele, Lafoulou, Rokia, Denyigban, Dasiko et Dan dou kodjo, un bonus track de l’autre regrettée Akofa Akoussah.
Que dire de la famille Bellow ?
On note également des émissions-hommage à la regrettée Bella sur quelques antennes de radio et télévision, à chacun de ses anniversaires. Puis… rien. A aucun moment, les autorités du pays n’ont (encore) pensé à construire ne serait-ce qu’une salle de spectacle digne de ce nom, ou lancer un prix pouvant récompenser les talents de la musique togolaise. Une autre façon peut-être de rendre un hommage mérité à cette beauté vocale, Georgette Nafiatou Adjoavi Bella Bellow, née le 1er janvier 1945 à Tsévié, une ville située dans la Région Maritime, à 35 km de Lomé.
« Bella était les yeux de notre famille. Tout notre espoir se reposait sur elle », nous a confié l’un des frères de la regrettée devenu Pasteur. Depuis le décès de Bella, la famille Bellow, pourtant enviable, est en pleine décadence. Une maison familiale presque inhabitée, des frères traumatisés, et philosophes malgré eux. Le choc est accentué avec le décès de la mère de la diva à quelques jours du 30è anniversaire de sa fille.
Une symphonie inachevée
Sur son chemin du retour le 10 décembre 1973 d’Atakpamé, sa ville natale où « elle était invitée par la radio diffusion pour une prestation », confie un de ses proches qui a requis l’anonymat, elle trouva la mort dans des circonstances jusqu’ici non élucidées à bord d’une Ford Capri, son véhicule personnel conduit par son chauffeur. L’accident eu lieu à quelques pas de Lilikopé dans la préfecture du Zio (sud-ouest du Togo). Le véhicule s’était retrouvé les quatre roues en l’air. Elle est projetée hors de l’engin, cogna la tête contre le bitume. Une hémorragie cérébrale s’en suit. La diva ne meurt pas sur le coup, comme l’ont rapporté la plupart des médias.
« Bella avait refusé la mort. Lorsqu’on était arrivé à son niveau, son cœur battait encore. La population l’avait déjà couvert des feuilles de palmier », nous raconte un de ses encadreurs. Bella a été inhumée le 13 décembre au cimetière catholique de la Plage, à Lomé, en présence d’une monde composé des fans, des proches et d’admirateurs.
Comme une rose, Bella a vécu l’instant d’une matinée, laissant derrière elle, des milliers de fans inconsolables, et une fille, Nadia Elsa. Bella n’avait que 27 ans alors que l’avenir lui ouvrait largement les bras.