Le parti d’extrême droite flamand Vlaams Belang a poursuivi sa progression dans la région des Flandres, dimanche, à l’occasion des élections municipales. Mais il a perdu face aux socialistes à Anvers, son bastion, où des meurtres racistes ont été commis en début d’année. A Bruxelles, où vit une importante communauté marocaine et congolaise, le parti séparatiste perd du terrain.
Les milliers d’étrangers d’origine africaine vivant en Flandre ont dû se réveiller lundi avec la gueule de bois, tandis que leurs camarades de Belgique francophone ont poussé un ouf de soulagement. La veille, se sont déroulées des élections municipales qui avaient valeur de test à quelques mois des législatives du printemps prochain. Le parti d’extrême droite Vlaams Belang s’est renforcé dans le nord, progressant de 5,6% en Flandre, mais semble avoir atteint un plafond dans son bastion historique d’Anvers. L’ex Vlaams Blok, rebaptisé après avoir été condamné pour racisme par la cour d’appel de Gand, le 22 avril 2004, était arrivé en tête dans la seconde ville belge, lors des municipales de 2000, avec un tiers des voix. Mais un « cordon sanitaire », formé par diverses formations opposées à ce parti réputé xénophobe, l’avait écarté de l’exercice du pouvoir. Dimanche, la formation de Frank Vanhecke a été battue par le parti socialiste (35%) dans le port belge, même s’il conserve 32,8% des voix.
« Cela faisait douze élections de suite que le Vlaams Belang progressait. Et il est intéressant de voir que le parti socialiste est passé devant au moment où les démocrates se sont décomplexés, explique Redouane Bouhlal, le jeune président belgo-marocain de Mrax (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie), la plus importante association anti-raciste belge. Les hommes politiques craignaient autrefois d’aller contre l’extrême droite et son électorat, poursuit-il. Mais après les assassinats racistes du début de l’année, Patrick Janssens, le Bourgmestre d’Anvers, en a eu assez et a affirmé qu’il voulait une Anvers multiculturelle. Ce que les hommes politiques n’osaient pas dire avant ».
Des résultats « encourageants » à Bruxelles
Le Vlaams Belang, parti séparatiste, ne se présente pas en Wallonie (francophone). Mais il est présent depuis plusieurs années à Bruxelles, la capitale bilingue du Royaume de Belgique. Là, les résultats sont « encourageants », assure Redouane Bouhlal. Le parti de Frank Vanhecke y recule sensiblement, passant de 4 à 1 siège dans la commune de Scarbeck, et disparaissant même de certaines autres. « Je suis un peu soulagé car je pensais que cela allait être pire », confirme Myriam Mottard, du CNAPD (Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie), tout en restant « prudente ». Côté Wallon, l’influence du parti d’extrême droite, le Front National, est sans comparaison avec celle de l’ogre des Flandres. A Charleroi, les quatre listes d’extrême droite ont ainsi obtenu 13% des voix.
Pour la première fois de l’histoire, les étrangers non communautaires étaient invités à voter lors des municipales. Sur 108 617 étrangers extracommunautaires recensés, 15,6% ont été enregistrés dans les bureaux de vote, soit près de 17 000 personnes. Ce qui « n’est pas si peu », pour Myriam Mottard. La secrétaire générale du CNAPD rappelle que 20% des résidents des pays membres se sont inscrits cette année, contre 17,6% lorsque la possibilité leur a été offerte, en 2000, pour la première fois. Quant à Redouane Bouhlal, il a un point de vue « très personnel » sur ce point : « cela n’intéresse pas les étrangers non communautaires, estime-t-il. Ce qui leur importe, c’est de pouvoir obtenir un travail et un logement sans discrimination, de ne pas être violentés par la police et de pouvoir pratiquer leur culte ».
Statistiques population étrangère du Royaume par nationalité