L’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, investi samedi dernier à Abidjan candidat officiel du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-parti unique) à l’élection présidentielle du 26 octobre prochain, s’est
livré à une attaque en règle contre le régime du président Gbagbo Laurent, dont il a qualifié la politique dite de « refondation » de « parenthèse tragique et sanglante » dans l’histoire du pays.
« La refondation n’a pas été ce qu’elle prétendait être avec
arrogance.. Elle a attisé le feu, disqualifié notre démocratie, ruiné notre économie, abaissé notre pays, profané nos valeurs les plus sacrées. Elle demeurera à jamais une parenthèse tragique et sanglante de notre histoire, une éclipse dans le processus de la démocratie », a notamment martelé M. Bédié qui, s’exprimant à la tribune de la convention de son parti, a passé au crible le bilan
des cinq ans de pouvoir de l’actuel chef de l’Etat et de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
Le candidat du parti sexagénaire (il aura soixante ans en octobre prochain), qui s’est montré particulièrement offensif, n’a trouvé aucune circonstance atténuante aux « refondateurs » qui, selon lui, invoquent à tout bout de champ la guerre pour justifier leur échec.
« Rien n’a été fait sous le prétexte commode de la guerre », s’est indigné le successeur de feu le président Félix Houphouët-Boigny, qui n’a pas hésité à qualifier M. Gbagbo et ses camarades d' »apprentis sorciers qui ont détruit les acquis ».
M. Bédié, qui était décidément en verve, a encore fustigé les « refondateurs » pour leur « manquement à la parole », et invité les Ivoiriens en général, et ses partisans en particulier, à la mobilisation générale pour une « vigoureuse campagne », afin d’en finir définitivement avec le régime du président Gbagbo.
Contre les escadrons de la mort et les criminels en col blanc
« Mais d’ores et déjà, les jeunes, les femmes, tous ceux qui sont fatigués des mensonges, de la violence, de la manipulation et du manquement à la parole donnée, trouveront matière à réflexion et à fonder une action », a-t-il indiqué.
Avant de tourner définitivement la page de la « refondation », le porte-flambeau du PDCI s’est engagé à poursuivre les auteurs de crimes, notamment ceux commis par les fameux « escadrons de la mort » qui, a-t-il dit, devront être recherchés, retrouvés et jugés.
M. Bédié, qui a également promis de dissoudre et d’interdire les milices proches de l’actuel parti au pouvoir, a affirmé qu’il traquera, sans ménagement, les criminels en col blanc, qui se sont rendus coupables de détournement sous l’ère Gbagbo.
« Tous les scandales financiers actuels seront placés sous
l’éclairage de la justice, de la vérité et de la lutte contre la corruption », a-t-il notamment prévenu.
Création d’une nouvelle armée républicaine
Le porte-flambeau du PDCI s’est ensuite engagé à procéder à de vastes réformes, notamment à caractère politique, dans le cadre du programme de gouvernement qu’il mettra en oeuvre une fois élu. « Après les élections, nous promettons de soumettre la politique intérieure à une profonde réforme de la Constitution et des mœurs politiques », a notamment déclaré M. Bédié qui entend restaurer l’ordre et la sécurité en créant une « nouvelle armée républicaine ».
Ouvrant une brèche sur le programme de société qu’il compte
soumettre à ses compatriotes, l’ancien président a annoncé qu’il comptait bien réaliser ses fameux « dix chantiers du futur », interrompus par le coup d’Etat militaire du 24 décembre 1999, conduire son pays « aux nouvelles frontières du développement » et impulser l' »action dynamique de développement, sous le symbole positif et pacifique de l’éléphant d’Afrique », bref, a-t-il résumé, « tout ce qui devrait réaliser en Côte d’Ivoire le progrès pour tous et le bonheur pour chacun ».