Bboy Junior : « Je danse pour transmettre mes valeurs au public »


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Junior Bboy
Junior Bboy

Du haut de ses 24 ans de carrière dans la danse et la chorégraphie, Junior Bosila Banya, alias BBoy Junior a accordé une interview à AFRIK.COM. Dans cet échange à cœur ouvert, le danseur-chorégraphe, connu pour son mouvement fétiche (les deux poings au sol, les bras tendus et le reste de son corps à l’horizontale, en suspension dans le vide) est revenu sur sa carrière dorée, sa relation avec le continent africain et ses perspectives d’avenir.

Entretien

 Pouvez-vous revenir sur vos débuts dans la danse ?

Comme je le dis souvent, j’ai toujours plus ou moins dansé. Je suis arrivé au breakdance à l’âge de 12-13 ans à Saint -Malo grâce à Jeff et Rudy, deux danseurs expérimentés de la région, et qui ont été mes premiers professeurs.

Quand et comment votre intérêt pour le breakdance sest-il confirmé ?

Je pense que mon intérêt s’est confirmé lorsque j’ai assisté à un battle en tant que spectateur : le Breizh battle. C’était en 1997 ou 98. C’est difficile à expliquer, je me suis retrouvé dans ce lieu, où des personnes de la France entière se réunissent pour partager la même passion. J’ai accroché.

Ce jour là, j’ai d’ailleurs été repéré par un membre du jury alors que j’étais dans les saffers. Les saffers, ce sont les cercles de partage à côté du battle, où l’on peut discuter et danser. Elle m’a demandé si j’étais accompagné par un agent. À cette époque, cela me paraissait assez incroyable !

 Que représente la danse pour vous ?

La danse représente énormément pour moi. C’est la manière la plus forte que j’ai trouvée pour m’exprimer et faire ressortir le meilleur de moi-même. Je danse pour transmettre mes valeurs au public. La danse a toujours été un allié pour faire face à certains aléas de la vie. Elle m’a permis de me construire. Je peux, aujourd’hui, vivre de ma passion et j’espère qu’elle permettra de laisser une trace de mon passage sur terre. Par la danse, je peux transmettre, rencontrer du monde, voyager. J’ai visité près de 80 pays et rencontré des personnalités telles que Madonna, Lionel Messi ou Neymar. Sans ça, je n’aurais certainement pas vécu tous ces beaux moments.

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De quels succès êtes-vous le plus fier ?

Je commencerai par le Battle of the Year, où mon équipe Wanted Posse et moi avons été sacrés champions du Monde en 2001. Puis en 2002, j’ai remporté la Coupe de France au Zenith avec Bruce Chiefare, un danseur breton.

On s’est imposé dans plusieurs compétitions ensemble, comme le World Championship au Wembley Arena en 2003. Celui-ci rassemblait des équipes venues du monde entier : Corée, Japon, États-Unis par exemple. C’était un moment très fort pour nous : deux rennais qui gagnent une compétition internationale face à tous ces pays !

En 2004, j’ai effectué ma première participation au RedBull DC One où je termine 3e. Bien que je ne sois pas monté sur la plus haute marche du podium, j’ai été, à partir de ce jour, le danseur le plus visionné sur la Toile. L’une de mes vidéos a atteint plus de 20 millions de vue. A l’époque, c’était un buzz incroyable. Beaucoup de personnes me disent avoir commencé la danse après cette vidéo. Cela représente beaucoup pour moi. 2007 a aussi été une année importante dans ma carrière, puisque je remporte une émission de télévision populaire « La France a un incroyable Talent ». Ce succès a bouleversé ma vie et m’a donné une force supplémentaire pour la suite.

 Vous êtes, depuis très longtemps, au plus haut-niveau de votre sport. Comment jugez-vous votre carrière ?

Je suis reconnaissant et heureux de la carrière que j’ai. J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion. Je suis conscient que ce n’est pas donné à tout le monde. D’autant plus le breaking n’est pas une discipline de référence où subsiste une sécurité.

Je suis également heureux de la richesse de ma carrière. J’ai aussi bien évolué dans des institutions, des spectacles, théâtres que dans l’underground, l’entertainment, les battles ou les compétitions officielles. Les plaisirs étaient variés. Je pense que cette diversité a contribué à atteindre cette longévité.

Quels sont vos prochains objectifs ?

L’un de mes prochains objectifs serait de continuer à développer mon travail de chorégraphe.  J’aimerai également poursuivre les battles, car c’est une source d’énergie et un moteur pour tout breakdancer. C’est pour ces raisons que je suis assez exigeant avec moi-même, pour me pousser à m’améliorer et à me renouveler. J’interviendrai aussi, prochainement, dans une pièce de théâtre en tant que danseur et comédien. L’acting pourrait être une voie qui m’attire par la suite.

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Quelle est la perception de la communauté face à votre carrière de danseur ?

Je ne mesure pas réellement la perception de la communauté face à ma carrière de danseur. J’ai en revanche souvent des messages ou des gestes d’encouragement. Cela a toujours été une source de motivation. J’entends souvent dire que les gens me considèrent comme une légende dans la discipline. C’est flatteur et honorifique.

Vous intervenez au sein d’écoles de danse pour y apporter toute votre expérience. Que vous inspire ce nouveau rôle ?

Ce n’est pas réellement un nouveau rôle. Depuis un certain temps désormais, j’ai l’occasion de partager mon expérience lors de workshops, de conférences ou de simples talks, dans les lieux et pays où j’ai eu l’occasion de voyager. La transmission m’a toujours permis de me former moi-même et d’apprendre de mes interlocuteurs. Je souhaite redonner à la culture ce que la culture m’a apporté. Cette chance de connaître le break et les valeurs du hip-hop m’a permis de devenir quelqu’un de meilleur.

Vous êtes très investis sur le continent. Quels liens y entretenez-vous ? Quelles actions y menez-vous ?

J’ai été privé de ma terre mère à l’âge de 7 ans pour rejoindre ma famille adoptive. Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai pu renouer avec mes racines. Je considère ne pas encore avoir assez donné sur le continent. Mais j’y remédie au fil des années avec le Projet Kongo.

 Parlez-nous de lassociation Projet Kongo.

Projet Kongo est un projet socio-culturel qui a pour but d’apporter un soutien pédagogique et technique aux structures déjà existantes du pays, et de soutenir l’émergence des domaines artistique et sportif. Nous avons créé un collectif qui réunit d’abord des danseurs mais qui a pour but de fédérer tout public.

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