Bataille autour de l’argent des émigrés algériens


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Une étude intitulée facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (FEMIP) réalisée par la banque européenne d’investissement révèle que les immigrés originaires des pays de la rive sud de la méditerranée établis en Europe envoient annuellement entre 12,4 et 13,6 milliards d’euros vers leurs pays d’origine.

L’importance de ces transferts est au centre d’un autre rapport commandé par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, rapport qui conclut que des trois pays du Maghreb, l’Algérie vient en pôle position avec 3,15 milliards d’euros, devançant le Maroc et la Tunisie avec respectivement 2,13 et 0,84 milliards d’euros.

Néanmoins, le transfert de la moitié de ces fonds s’effectue par des canaux informels. C’est cette importante manne financière que se disputent plusieurs opérateurs financiers spécialisés dans le transfert d’argent du fait que les profits obtenus sont conséquents. C’est le cas de l’américain Western Union, détenant 17% du marché européen en 2006, qui facture 19 euros pour l’envoi de 150 euros au Maroc, assortis de frais de change. En Algérie Western Union dispose de plus de cent points de contact, notamment au niveau de la poste d’où il est possible de retirer du liquide sans passer par une banque.

Ce créneau porteur a amené d’autres spécialistes du transfert, Ria et Money Gram, à venir revendiquer leur part du marché et ce en instaurant une concurrence farouche notamment en matière des frais d’envoi. C’est le cas de Money Gram qui a baissé le tarif à seulement 12 euros.

Une aubaine pour les professionnels du transfers de fond

Le champ demeure encore ouvert et d’autres acteurs viendront bousculer le monopole US et en France on avance déjà le chiffre de 20 autres spécialistes qui viendront s’impliquer dans ce marché juteux. Néanmoins, certaines banques de l’hexagone qui ont investi en Algérie tentent de se ressaisir en étant plus agressifs en direction de la communauté algérienne établie particulièrement en France. C’est le cas de Société Générale Algérie (SOGA) qui parallèlement à l’ouverture de 17 agences à travers le territoire national, un chiffre appelé à doubler à la fin de l’année en cours, compte ouvrir des antennes dans toutes les agences de la banque mère pour amener les immigrés algériens à effectuer le transfert de leur argent. Cet intérêt survient après le constat établi en 2003 concluant que sur les quelques 2,8 milliards d’euros transférés, seul 1,3 milliard ont transité par le circuit officiel. Par conséquent, l’enjeu est important d’autant que les banquiers de SOGA sont conscients du fait que le cours de la monnaie européenne par rapport au dinar a chuté, notamment depuis l’interdiction d’importation de véhicules de moins de 3 ans, le recours au transfert par les réseaux banquiers est plus alléchant pour peu que les mécanismes soient plus souples.

C’est ce qui vient d’être tenté au Maroc avec la création de Banque Accord, filiale du groupe de distribution Auchan, et la marocaine Attijariwafa Bank. Ce partenariat consiste à lancer des cartes de retrait destinées à faciliter le transfert d’argent. La carte est confiée aux proches résidant dans le pays d’origine et est créditée par le client, en France. L’avantage et la nouveauté de la carte Flouss réside dans le fait qu’il n’est pas nécessaire d’être client de la banque pour l’acquérir. Présentant cette carte, un des responsables de Banque Accord dira : «On a des clients qui ne pouvaient plus supporter de faire la queue dans un bureau de poste» et aujourd’hui avec cette carte c’est plus simple que de confier 200 euros à un copain qui descendait au pays».

Salah C, pour Le Quotidien d’Oran

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