Basile Boli a été une figure marquante du football international notamment en France où s’est déroulée la majeure partie de sa carrière. Ce jeune retraité définitivement très actif, c’est le moins que l’on puisse dire, reste néanmoins fidèle à ses crampons dans sa nouvelle carrière d’homme d’affaires. Pour nous, il revient sur la Coupe d’Afrique des Nations 2004, le football africain et sa carrière.
Truffée d’une quarantaine de sélections en équipe de France et plus de 400 en première division, l’aventure footballistique de Basile Boli, né en 1962 à Adjamé (Côte d’Ivoire), démarre en 1979 à Auxerre. Après l’AJ Auxerre, c’est au tour de l’Olympique de Marseille de l’accueillir. C’est là qu’il connaît son heure de gloire. Il marque de la tête, ce soir du 26 mai 1993, le but victorieux face au Milan AC, à Munich (Allemagne), qui offre au club marseillais la prestigieuse Coupe d’Europe des clubs champions. Sa carrière de footballeur international, pendant laquelle il côtoie des légendes du ballon rond africain et mondial, s’achève au Japon avec les Urawa Reds après un détour par les Glasgow Rangers (Angleterre) et l’AS Monaco (France). Fidèle à ses premières amours, il a créé voici quelques années une agence de promotion et de marketing, spécialisée dans le football, aujourd’hui dénommée « Evènement ». Entrepreneur, animateur et producteur du Loto Sportif sur la chaîne publique française France 3, de deux émissions (La bande à Basile, Talents d’Afrique) sur Canal Plus Horizons, Basile Boli semble être aussi à l’aise sur le terrain que dans les affaires. Ce qui ne l’empêche pas de mener une paisible vie de famille – il est marié et père de trois enfants – et d’œuvrer pour l’enfance défavorisée. Entre deux rendez-vous, il a accepté de répondre à nos questions. Rencontre avec un homme pressé !
Afrik.com : Quel bilan faites-vous de la dernière édition de la Coupe d’Afrique des Nations (Can) ?
Basile Boli :La montée en puissance des équipes maghrébines : on a assisté à une finale 100% Maghreb entre le Maroc et la Tunisie. On ne pourra s’empêcher de ressentir une certaine déception face aux prestations du Cameroun et du Sénégal, quarts de finaliste à la dernière Coupe du Monde. Plus navrant, les stades étaient vides. La qualité de l’organisation reste, quant à elle, l’un des points positifs de cette Can 2004.
Afrik.com : Quels sont les joueurs et les équipes qui vous ont marqués ?
Basile Boli : Badra, le capitaine malheureux des Tunisiens qui n’a pas pu jouer la finale (il a été suspendu, ndlr). La prestation de Santos, l’avant-centre de l’équipe tunisienne m’a également impressionnée. De même que les formations marocaine et malienne. La dernière a malheureusement fait montre d’une faible résistance physique. Elle a fini par craquer en quarts de finale.
Afrik.com : Quel regard portez vous sur le football africain aujourd’hui ?
Basile Boli : Il a globalement évolué. Dans les huit équipes qui évoluent en ligue des Champions, l’on compte une dizaine d’Africains, c’est dire… Et ce en dépit du fait que la dernière Can n’ait pas été d’un niveau très élevé.
Afrik.com : Y-a-t-il des jeunes footballeurs africains qui vous impressionnent ?
Basile Boli : Sans prétention aucune, je peux dire que j’ai eu l’occasion de jouer avec des grandes pointures du foot. Aucun des joueurs de la jeune génération ne m’impressionne vraiment mais dans l’ensemble je les apprécie tous. Il y a néanmoins Drogba (l’Ivoirien sociétaire de l’OM) qui est en train de revenir. Mais il n’y a pas encore de Georges Weah (Liberia), d’Abedi Pelé (Ghana) …Dans l’ancienne génération, il y avait des individualités, aujourd’hui c’est plutôt un collectif qui se distingue.
Afrik.com : Que pensez-vous de ces nationalisations impromptues qui ont lieu dans le football africain actuellement ?
Basile Boli : :Il y a des failles dans les nouvelles réglementations (qui ont changé peu après l’entretien avec Basile Boli, ndlr) de la Fifa (Fédération internationale du football, ndlr). Si quelqu’un qui a vécu 26 ans au Brésil peut, du jour au lendemain, prendre la nationalité tunisienne… Il est vrai que ce genre de pratiques dénature la compétition.
Afrik.com : Si vous aviez eu à choisir entre la France et la Côte d’Ivoire, pour quel pays auriez-vous joué à la faveur des nouvelles dispositions de la Fifa concernant les joueurs africains ?
Basile Boli : J’ai eu une carrière formidable et je n’ai aucun regret !
Afrik.com : Vous semblez apprécier l’action de Sepp Blatter que vous avez d’ailleurs soutenu. Pourquoi ?
Basile Boli : Il existe une commission à la Caf (Confédération africaine de football, ndlr), Hayatou (président de la Caf, ndlr) a estimé qu’il n’était pas nécessaire de tenir compte de l’avis de grandes figures du foot africain comme Roger Milla, Salif Keita… sous prétexte qu’ils ne votaient pas. Ceci à contrario de Sepp Blatter qui a pris en considération nos points de vue.
Afrik.com : Comment gérer vous votre seconde carrière ? Est-ce que votre expérience de sportif vous sert aujourd’hui dans votre carrière d’homme d’affaires ?
Basile Boli : J’ai monté une structure de promotion et de marketing (dénommée « Evènement », ndlr) qui a notamment organisé l’hommage à Marc-Vivien Foé, et a produit la Can (Coupe d’Afrique des Nations, ndlr) pour Canal Plus Horizons. Il est certain que le fait d’être sportif m’a permis de savoir mettre une équipe en alerte où chacun a sa place. Cela m’aide à garder une certaine discipline dans la mesure où chaque matin, je me fixe un objectif et je me bats pour l’atteindre.
Afrik.com : Outre votre carrière, vous aidez les enfants défavorisés en Cote d’Ivoire à travers une structure …
Basile Boli : L’association que je préside (Les Namans, ndlr) existe depuis 1996. Les évènements en Côte d’Ivoire n’ont évidemment pas arrangé les choses. Nous comptons actuellement une trentaine d’enfants dans notre espace à Locodjro (un quartier d’Abidjan, ndlr) qui sont suivis par des éducateurs et des bénévoles.
Afrik.com : Que vous inspire la situation politique en Côte d’Ivoire ?
Basile Boli : J’espère que le processus de désarmement va aboutir et que la paix sera bientôt de retour en Côte d’Ivoire.
Afrik.com : Vos projets ?
Basile Boli : Je digère la Can, l’opération Flag Spéciale (opération de promotion menée en Afrique de l’Ouest pendant la Can par le groupe Castel, ndlr)…
Afrik.com : Que fais le sportif que vous étiez pour se maintenir aujourd’hui en forme ?
Basile Boli : Pour l’instant, je ne fais rien….