
La décision française de renforcer sa présence militaire sur l’île avec la création d’une seconde base, ravive un conflit territorial vieux de plusieurs décennies. Par cette annonce, Manuel Valls complique encore les relations déjà tendues entre Paris et Moroni.
L’annonce par le ministre français des Outre-mer, Manuel Valls, d’un renforcement du dispositif militaire à Mayotte suscite une vive protestation du gouvernement comorien, qui dénonce une « militarisation hostile » de l’île. À travers un communiqué officiel publié le 15 mars, l’Union des Comores a vivement critiqué le projet français de renforcer sa base navale à Dzaoudzi et d’installer un nouveau commandement de la gendarmerie nationale sur l’île comorienne de Mayotte, département français depuis 2011, mais toujours revendiqué par Moroni.
Pour le ministre comorien de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud, cette décision constitue « une réponse inappropriée » et contraire aux engagements internationaux pris par la France et les Comores, visant à privilégier le dialogue à la confrontation sur la souveraineté de l’île. Selon lui, ce choix « risque d’exacerber des tensions déjà élevées », surtout à un moment où Mayotte doit plutôt se reconstruire après le passage du cyclone dévastateur Chido en décembre dernier.
Entre crise migratoire et enjeux géopolitiques, un déploiement militaire controversé à Mayotte
La situation migratoire, dramatique dans le bras de mer séparant les Comores et Mayotte, est régulièrement mise en avant pour justifier ce renforcement militaire français. Chaque année, entre 15 000 et 22 000 migrants tentent une dangereuse traversée, causant des milliers de morts ces dernières décennies. Cependant, le gouvernement comorien estime que la militarisation accrue n’apportera aucune solution durable et pourrait même empirer la situation régionale.

Ce projet militaire s’inscrit également dans un contexte géopolitique tendu, avec des revendications territoriales comoriennes soutenues notamment par la Chine et la Russie. L’intérêt stratégique de Mayotte, à proximité immédiate du Canal du Mozambique, explique également la volonté française de renforcer ses capacités d’intervention militaire, une position défendue à Paris par plusieurs députés.
À l’approche du cinquantième anniversaire de leur indépendance, les Comores appellent la France à renoncer à ce projet controversé, réaffirmant leur engagement en faveur d’une résolution pacifique du différend territorial, dans le respect du droit international et de la paix régionale.