Barack Obama : le temps des épreuves


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Barack Obama mène une politique internationale volontariste et orientée vers la détente et le dialogue. Mais ses adversaires observent qu’il n’obtient pas de résultats concrets, se contentant de faire des grands discours qui font juste rêver d’un monde meilleur. Sur le plan intérieur, certaines manifestations contre son plan d’assurance maladie ont selon certains observateurs, donné lieu à des attaques racistes à son endroit. Barack Obama veut montrer qu’il reste le maître du jeu.

Barack Obama a organisé, ce mardi à New York, un sommet tripartite avec le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Cette rencontre israélo-palestinienne qui s’est tenue en marge de l’Assemblée générale de l’Onu apparait pour l’administration américaine comme une petite victoire, tant George Mitchell, l’émissaire spécial d’Obama pour le Proche Orient, a multiplié les navettes entre Jérusalem et Ramallah ces dernières semaines, pour obtenir des dirigeants israélien et palestinien qu’ils reviennent à la table des négociations.

Mais elle ne pourrait porter que peu de fruits. Le porte-parole de la Maison Blanche, Roberts Gibbs, a laissé entendre lundi que le président américain lui-même ne nourrissait pas de « grands espoirs » quant aux résultats du sommet consacré à la crise israélo-palestinienne. Barack Obama n’obtiendra sans doute pas un accord doublé d’une poignée de main historique entre dirigeants palestinien et israélien, comme le fit en son temps l’ancien président américain Bill Clinton, en obtenant des défunts Yasser Arafat et Yitzhak Rabin qu’ils se saluent sous les flashs des photographes, sur le perron de la Maison Blanche.

La poursuite des implantations coloniales bloque le dialogue pour la paix

Le refus d’Israël de geler l’implantation des colonies continue de plomber les pourparlers de paix. Barack Obama espérait obtenir de Benyamin Netanyahou un arrêt de la colonisation d’un an renouvelable. Mais, emporté par son rêve de Grand Israël, celui-ci n’a consenti qu’un moratoire de neuf mois sur la construction de nouveaux logements en territoire palestinien. Une promesse qui n’engage visiblement que ceux qui y croiront. « Vous n’avez jamais entendu le Premier ministre indiquer qu’il gèlerait les constructions. C’est l’inverse qui est vrai », a déclaré lundi son porte-parole, Nir Hefetz, sur la radio militaire israélienne.

Côté palestinien, pas de reprise de discussion, sans cessation de la colonisation. Résultat, le dialogue pour la paix piétine. La marge de manœuvre du président américain sur ce dossier est d’ailleurs très réduite. Il lui est très difficile de faire pression sur Israël. Pas question de conditionner l’aide américaine à l’Etat hébreux au gel des colonies. « Exercer une pression réelle sur Israël risque d’aliéner des hommes politiques clés et des collecteurs de fonds démocrates majeurs, ainsi que les supporteurs d’Israël dans les médias, mettant en péril tout le reste du programme d’Obama et peut-être même ses perspectives de réélection », a commenté pour le Washington Post Stephen M. Walt, professeur de relations internationales à l’université de Harvard.

L’Iran veut poursuivre son programme nucléaire

Comme sur le dossier palestinien, l’administration Obama peine à obtenir des résultats dans la plupart de ses chantiers internationaux. Illustration avec le bourbier afghan. Harcelé par les talibans qui multiplient les assauts meurtriers, l’état major de l’armée américaine demande d’urgence des renforts en hommes et en matériel. Mais, en dépit de ses demandes répétées, les Européens tardent à envoyer des troupes supplémentaires.

Le dossier nucléaire iranien ne se présente pas mieux. Rompant avec les méthodes musclées de l’ère Bush, Barack Obama a opté pour le dialogue afin d’obtenir de Téhéran qu’elle renonce à son ambition nucléaire. Ce à quoi le président Mahmoud Amadinedjad répond par le dilatoire et l’arrogance. Lors d’un discours à Téhéran mardi, celui-ci a réaffirmé que son pays ne renoncera jamais à son programme nucléaire. Pis, il a indiqué que ses forces armées « trancheraient les mains » de tout agresseur de l’Iran. Une allusion à peine voilée à la menace d’Israël de bombarder son industrie nucléaire de façon préventive, comme il l’avait fait en 1981 avec le réacteur irakien Ozirak.

Les activités nucléaires iraniennes ne « s’arrêteront pas en cas d’attaque (…) Nous avons dit avoir mis en place des mesures préventives en installant des armes anti-aériennes » a prévenu Mahmoud Amadinedjad, avant de conseiller aux pays occidentaux militairement présents en Irak et en Afghanistan de retourner dans leurs pays et d’utiliser « les lourdes dépenses militaires pour régler les problèmes de vos peuples ».

Autre sujet problématique, la décision de Barack Obama d’abandonner le bouclier antimissile américain en Europe. Initié par George Bush son prédécesseur, celui-ci a pour objectif d’intercepter d’éventuels missiles à longue portée lancés par l’Iran. La renonciation de Barack Obama a suscité de vives critiques chez les républicains, qui y voient un acte de recul face à la Russie, qui n’a jamais caché son hostilité vis-à-vis de ce programme.

Obama victime de racisme ?

Les difficultés de Barack Obama ne s’arrêtent pas au chapitre international de son programme politique. Le président doit également faire face à de vives critiques de son plan d’extension de l’assurance maladie aux citoyens américains les plus démunis. Des contestations qui ont récemment pris une teinte raciste. Certains des manifestants anti-assurance maladie ont ainsi carricaturé Barack Obama en sorcier africain, tandis que d’autres tentaient de remettre en doute sa naissance sur le sol des Etats-Unis. L’ancien président Jimmy Carter a affirmé que certaines des critiques qu’il a subies avaient des relents racistes. « Le penchant pour le racisme continue d’exister, et je crois qu’il remonte à la surface parce que le sentiment est répandu parmi de nombreux blancs, (…) que les Afro-Américains ne sont pas qualifiés pour diriger ce pays. C’est une situation abominable qui me préoccupe très profondément », a-t-il déclaré sur la chaîne de télévision NBC.

Obama se veut serein

Face à toutes ces attaques, Barack Obama tente de garder la tête froide et de calmer le jeu. « Ce ne sont pas les Russes qui déterminent ce que doit être notre défense. Nous avons pris une décision en jugeant ce qui était le mieux pour protéger le peuple américain, nos soldats en Europe et nos alliés », a-t-il déclaré sur l’abandon du bouclier anti-missile. Il a expliqué sa décision par son souhait de rendre les Russes « un peu moins paranoïaques ». Ce qui, selon lui, favoriserait la coopération avec Moscou sur des dossiers comme les missiles balistiques ou le programme nucléaire iranien.

Pas de faiblesse donc, veut laisser croire Barack Obama. Le bouclier anti-missile n’est d’ailleurs pas totalement abandonné. A sa place, le président américain a déclaré opter pour un dispositif plus souple. Dans un premier temps, les Etats-Unis vont déployer des navires munis de dispositifs antimissiles performants. Puis ils amélioreront ce dispositif. Pour mieux arrondir les angles, Barack Obama doit rencontrer son homologue russe Dmitri Medvedev cette semaine, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Onu. Même stratégie sur le dossier nucléaire iranien. La date du 1er octobre prochain a été retenue pour relancer les négociations avec Téhéran.

Souhaitant faire taire ceux qui le disent victime d’attaques racistes dont il serait l’objet, Barack Obama a laissé entendre qu’il était déjà « noir » avant d’être élu, tandis que le porte-parole de la Maison Blanche a désapprouvé publiquement les propos de Jimmy Carter. Jeudi, Barack Obama présidera un sommet exceptionnel du Conseil de sécurité consacré à la non-prolifération nucléaire, un de ses thèmes de prédilection.

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