Bakassi fait sécession


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Des militants indépendantistes de la région du Delta du Niger ont proclamé, dimanche dernier, l’Indépendance de la République démocratique de Bakassi. Leur chef, Tony Ene s’est auto investi chef de l’Etat par intérim. Une action qui intervient deux jours avant le délai accordé par l’accord de Greentree au Nigeria afin qu’il engage des mesures de retraits de ses forces armées dans la province.

Par Louise

Un vent de sécession souffle sur Bakassi. Des militants du mouvement armé de la région du Delta du Niger, emmenés par leur leader Tony Ene, ont proclamé l’Indépendance de la République démocratique de Bakassi dimanche dernier. Après avoir investi la place Ekpot Atai, ils ont hissé symboliquement leur drapeau bleu et rouge, incrusté de dix étoiles représentant les dix clans implantés sur la péninsule, en scandant : « Dieu est notre force ». Le leader des indépendantistes, Tony Ene, a souligné, dans les colonnes du journal camerounais Quotidien Mutations, sa détermination à aller jusqu’au bout de son combat : « Il est hors de question de prêter ce territoire, comme veulent le faire le Nigeria et les Nations Unies, à un autre pays ». Mais il n’en est pas resté là. Profitant de l’occasion, il s’est proclamé lui-même Président par intérim de la nouvelle République.

Cette action intervient à deux jours de l’expiration du délai prévu pour le retrait des forces nigérianes de la presqu’île. Cette date butoir a été décidée lors des accords de Greentree, près de New York, le 12 juin dernier. Conformément à la décision rendue par la Cour internationale de justice le 12 octobre 2002, le Nigeria doit restituer la province de Bakassi au Cameroun. Un arrêté qui devait clore le conflit opposant les deux pays par rapport à ce territoire, riche en ressources pétrolières et aquatiques. En signant ce traité, le Nigeria disposait de 60 jours pour engager les mesures nécessaires et mettre en place un calendrier. 30 jours de plus avaient été prévus pour le retrait total de la présence nigériane sur le sol de Bakassi. Cette procédure doit aboutir au transfert de la souveraineté de cette bande de terre au Cameroun. L’ultimatum des 60 jours s’achève samedi prochain.

Coalition avant la date butoir

Mais les actes perpétrés par les indépendantistes changent la donne et présagent de mauvais augure. Leurs déclarations démontrent que la rétrocession de Bakassi ne se fera pas en une nuit. Car ce désir d’autonomie, les autorités traditionnelles de Bakassi l’ont, elles-aussi, fait valoir. Apportant ainsi son soutien aux chefs locaux dans cette quête de liberté, Tony Ene ne souhaite faire aucune concession et la clairement fait savoir : « La République démocratique de Bakassi s’inscrit dans la ligne droite des articles 01 et 55 de la Charte des Nations Unies sur le droit à l’auto détermination des peuples qui peuvent, selon la législation internationale, disposer d’eux-mêmes », rapporte le Quotidien Mutations. Ces arguments qui avaient déjà été repris par les autorités traditionnelles, le 21 juillet dernier.

Les sept chefs traditionnels de la péninsule, chief Orok Eneyo, chief Emmaluel Affiong Etene, Ndabu Eyo Umo Nakanda, Emmanuel Okokon Asuquo, Ita Okon Nyong, Richard Ekpenyong et Elder Tony Ene Asuquo avaient saisi la haute cour fédérale d’Abuja, rapporte Le Messager, pour attaquer devant les tribunaux l’accord de Greentree qu’ils considèrent comme caduc. Mécontents du verdict, qui prévoit la restitution de la province au Cameroun, ils qualifient cet arrêté « d’illégal et d’anticonstitutionnel ». Ils insistent sur le fait que cet accord n’a fait l’objet d’aucune ratification par l’Assemblée nationale du Nigeria. Et mettent en avant l’article 12 de la Constitution nigériane, adoptée en 1999, qui le stipule.

Le collectif s’est ensuite autoproclamé Mouvement pour l’autodétermination de Bakassi et entend faire annuler le jugement. Une initiative, à laquelle le journal camerounais Quotidien Mutations répond : « Comme le Nigeria le sait très bien, dans la hiérarchie des normes juridiques, on ne peut pas comparer un arrêt de la Cour internationale de justice à une décision du Parlement nigérian ». Le quotidien qualifie ces actions de «nouvelle entourloupe » et de « manœuvre puérile ». Ces incidents pourraient avoir comme conséquence la prolongation du délai accordé par l’ONU. Des rebondissements dans l’affaire sont envisageables vu la détermination et la volonté dont font preuve les indépendantistes et les chefs locaux. Un dossier épineux.

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