Babenda : de l’oubli à l’icône culinaire du Burkina Faso


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Babenda
Babenda Instagram : sweetybananaa

Longtemps moqué pour son aspect rustique et son surnom peu flatteur, le babenda , ce ragoût de feuilles originaire du Burkina Faso, s’impose aujourd’hui comme un véritable symbole de fierté nationale.

Jadis considéré comme le plat des démunis, il bénéficie désormais d’un regain d’intérêt, porté par un mouvement de retour aux sources et une quête d’identité culinaire. Comment ce met modeste est-il passé de l’ombre à la lumière ?

Un héritage mossi et une recette à géométrie variable

Le babenda trouve ses origines dans la culture de l’ethnie mossi au Burkina Faso. Concocté à base de feuilles d’oseille, de bonronbourou, de riz, de soumbala (poisson fermenté), d’arachide en poudre et parfois de beurre de karité, ce plat répondait avant tout à des impératifs de subsistance. Sa préparation, longue mais simple, permet d’exploiter des ingrédients accessibles dans un contexte économique difficile. L’ajout de potasse en cours de cuisson adoucit le goût acide des feuilles, offrant un équilibre de saveurs apprécié par les initiés.

Du mépris au respect : le rôle de la fierté nationale

Autrefois surnommé baag benda (« caleçon du chien ») à cause de son apparence, le babenda a longtemps souffert d’un déficit d’image. Mais le Burkina Faso, dans sa quête d’authenticité et de souveraineté culturelle, à su réhabiliter ce plat. L’idéologie sankariste, avec son célèbre slogan « consommons burkinabè », a joué un rôle clé dans cette transformation. Aujourd’hui, le babenda est élevé au rang des emblèmes nationaux, aux côtés du textile Faso dan fani ou de la musique warba.

Une percée internationale et des adaptations modernes

Le succès du babenda ne s’arrête pas aux frontières du Burkina. Les recettes circulent désormais sur les plateformes culinaires et attire des amateurs de cuisine exotique. Adapté aux tendances vegan et bio, le plat séduit une clientèle soucieuse de consommer responsable. Pourtant, sa rareté sur les cartes des restaurants occidentaux en fait un mets convoité. Cette situation suscite la nostalgie des expatriés burkinabè, pour qui ce plat incarne un lien fort avec la terre natale.

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