Deux jeunes Sénégalais naturalisés Canadiens et un Québécois : c’est le trio de Ba Eau Bab. Entreprise de commercialisation d’eau purifiée créée en 1997, Ba Eau Bab a su se faire une place sur le marché sénégalais en vendant des bidons d’eau et des fontaines réfrigérantes. Un parcours qui inaugure notre série d’articles sur l’eau en Afrique.
Alioune Ndiaye, Mor Ndiaye et Philippe Bélanger ont beau avoir la trentaine, ils ont déjà de la bouteille dans le monde de l’eau. Et pour cause, leur entreprise de commercialisation d’eau purifiée, Ba Eau Bab, née en 1997, est aujourd’hui solidement installée sur le marché sénégalais. Société de traitement et de commercialisation d’eau, Ba Eau Bab vend également des fontaines réfrigérantes pour garder l’eau au frais. Une eau du robinet traitée par » osmose inversée « , un procédé physique sans additif chimique.
Les trois étudiants, qui se sont rencontrés sur un campus québécois, se sont donc mués en chefs d’entreprise. Pas sans sueur. » Au début, nous n’avions pas d’employés « , se souvient Alioune Ndiaye, président de la société. » Nous faisions tout : nos bureaux étaient au rez-de-chaussée et nous vivions à l’étage. La nuit, on faisait la production, le matin, la livraison, tout ça en blouses blanches. » L’après-midi, c’était costume-cravate, rendez-vous d’affaires et démarches commerciales. Pendant cinq mois. » Ça a payé ! » Et ça paye encore. Car les jeunes mousquetaires de l’eau mettent toujours la main à la pâte et contrôlent minutieusement toutes les étapes, de la production à la livraison. Et veillent sur dix-huit employés à temps plein (qui ont été envoyés au Québec pour se former), neuf à temps partiel, des collaborateurs occasionnels.
Emblème national
Le jeu de mot dans le nom de la société a sans conteste contribué à la faire connaître. » Le baobab est l’emblème du Sénégal. C’est un arbre qui résiste à la sécheresse, vit très longtemps et possède des racines qui s’étendent sur des kilomètres. Il symbolise donc la longévité de notre entreprise et le fait que l’on soit présent un peu partout « , explique Alioune. Le bouche à oreille a fait le reste. » Ce sont nos premiers clients qui, en en parlant autour d’eux, ont joué le rôle de commerciaux. »
Les entreprises, notamment européennes et nord-américaines, forment le gros des acheteurs mais Bab Eau Bab travaille aussi avec des distributeurs comme les pompistes. Ainsi, soixante-quatorze » essenceries » sénégalaises vendent les bouteilles estampillées Ba Eau Bab dans les boutiques attenantes aux pompes à essence. On trouve également la marque dans trente-trois épiceries de Dakar et du pays. » Ce sont des endroits où il y a une concentration humaine importante, tenus par des gens sérieux, qui ont pignon sur rue « , indique Alioune.
Grosses chaleurs
N’importe quel Sénégalais peut donc trouver une bouteille Ba Eau Bab près de chez lui. Il lui en coûtera 3 500 FCFA (5,34 euros) pour 18,9 litres. » Le Sénégal est le pays d’Afrique de l’Ouest qui importe le plus d’eau. Or, nos bouteilles sont moins chères que celles qui sont importées « , insiste Alioune. En effet, une caisse de douze bouteilles de 1,5 litre d’eau minérale est vendue entre 4 500 (6,86 euros) et 6 500 FCFA (9,91 euros).
Alioune reste très évasif sur les chiffres, avouant du bout des lèvres un pic des ventes pendant les grosses chaleurs des mois de juin, juillet et août. Mille bouteilles par jour. Pour le reste, on n’en saura pas plus. » C’est pas pire « , résume-t-il pour dire la bonne santé de son entreprise. Expression typiquement québécoise, avec l’accent qui va avec. » Aujourd’hui, on vise d’autres marchés au niveau national, africain et français. »
De fait, le marché sénégalais n’est pas près de rétrécir. » Si acheter de l’eau en bouteille n’était pas une habitude au Sénégal, c’est devenu une nécessité à cause de la mauvaise qualité de l’eau à laquelle les gens ont accès. L’eau à partir de sa source est toujours bonne. La SDE (Sénégalaise des Eaux) envoie de l’eau propre à la consommation mais celle-ci, lors de son trajet, devient impropre à cause des canalisations en mauvais état. » L’eau qui sort du robinet peut être dangereuse pour la santé « , souligne Alioune. Résultat : certains la font bouillir, d’autres la purifient avec des comprimés spéciaux. Et beaucoup l’achètent en bouteille…