Azur et Asmar raconte l’histoire de deux frères de lait, un européen et un arabe, qui se voient séparés par la bêtise et le racisme. A l’âge adulte, ils se retrouvent en Afrique du nord et partent à la recherche de leurs rêves.
La dernière œuvre du réalisateur français Michel Ocelot est une ode à la tolérance. Elle fait cohabiter deux mondes, l’Europe et le Maghreb, deux cultures, orientales et occidentales, deux langues, le français et l’arabe. Le film, ancré dans un univers merveilleux et des problématiques très actuelles, sort ce mercredi sur les écrans français.
Azur et Asmar est une ode à la tolérance. Un film d’animation d’une grande beauté et d’une rare sensibilité. Il fait l’apologie de la différence et du respect que devraient se témoigner les peuples. Cette ambition est d’abord servie par un scénario finement ciselé. L’histoire commence en Europe, au Moyen-âge, dans un pays pluvieux et froid. Deux petits garçons sont élevés par Jenane, une douce jeune femme arabe. Elle est la mère d’Asmar, brun à la peau mate, et la nourrice d’Azur, blond aux yeux bleus, le rejeton du châtelain dont elle est la servante. En dépit des chamailleries, les deux bambins sont liés par un profond amour que le père d’Azur rompt brutalement. Il éloigne son fils du château et chasse Jenane et Asmar avec mépris.
Plusieurs années après, Azur devenu un homme, bravant tous les dangers, traverse l’océan et retrouve sa nourrice et son frère de lait dans la lumineuse Afrique du Nord. Mais les rapports sont inversés. Azur est l’étranger au bas de l’échelle sociale et Jenane et Asmar les riches autochtones. En dépit du temps écoulé, les deux garçons sont restés fidèles à l’idéal que leur contait Jenane. Renouant leurs liens fraternels, ils partent ensemble délivrer la ravissante fée des djins dont chacun espère obtenir la main. Ils vont alors à la découverte de terres magiques recelant mille menaces et merveilles.
Un dessin-animé en langues française et arabe
La volonté du réalisateur, Michel Ocelot, de combattre les préjugés et le racisme s’appuie également sur l’utilisation de la langue. En effet, Azur et Asmar est un film bilingue. Les personnages s’expriment tant en français qu’en arabe sans que jamais nul sous-titrage ne vienne encombrer l’écran. La cohabitation des deux langues ne perturbe en rien la compréhension du long métrage. L’auteur a fait ce pari pour montrer qu’en dépit des différences et des barrières objectives qui peuvent séparer les peuples, il reste possible de se comprendre.
Enfin, il faut évoquer la beauté picturale de ce film. Réalisé en animation 3D, Azur et Asmar relève un défi technologique. Pour la première fois, Michel Ocelot a utilisé l’informatique pour animer ses personnages. Mais celui qui avait connu son premier grand succès en 1998 avec Kirikou et les bêtes sauvages n’y a pas perdu son âme. Dans ce quatrième long métrage, son univers, singulier, est parfaitement restitué. Des couleurs flamboyantes, des images à plat, des dessins naïfs qui expriment la vérité des sentiments, un style à des années lumière des manga japonais et des produits de l’industrie hollywoodienne…
Michel Ocelot est né sur la Côte d’Azur, en France, a passé son enfance en Guinée et vit aujourd’hui à Paris. L’altérité, les rapports entre les cultures et les hommes sont depuis plusieurs années au cœur de sa réflexion. Avec Azur et Asmar, il nous offre un film qui nous pousse à réfléchir sur nos préjugés respectifs, une oeuvre sensible et tendre qui n’émouvra pas que les enfants.
Azur et Asmar, un film de Michel Ocelot, durée : 99 min. Sortie en France le 25 octobre.
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