Toute personne qui tente de prouver la puissance rédemptrice de la musique n’a pas besoin de chercher plus loin que la chanteuse nigériane, Ayo. Agée de 30 ans, elle a défié tous les obstacles, signant chez Polydor Records au milieu des années 2000 et réalisant les albums Joyful (2006), Gravity at Last (2008) et Billie-Eve cette année.
Face à la concurrence néo-soul de ses compatriotes Nneka et Asa, Ayo suit toujours son propre chemin avec son nouvel album Billie-Eve, du nom de sa petite fille – dont elle était enceinte lors de la préparation du disque. Un album plein d’énergie, résolument plus rock et reggae que les deux précédents. Elle y livre avec naturel ses émotions, ses réflexions sur le monde et sa vie, qui n’a pas été un long fleuve tranquille.
Née Joy Olasunmibo Ogunmakin dans l’ouest de l’Allemagne, Ayo n’a vécu que brièvement au Nigeria étant enfant. Son père est un DJ nigérian, sa mère une gitane. L’adversité est rapidement entrée dans sa vie. Quand Ayo avait six ans, sa mère est devenu accro à l’héroïne et a été emprisonnée pendant un certain temps.
Après le divorce de ses parents, Ayo a passé du temps dans le système allemand des familles d’accueil. Elle a cherché la consolation dans l’apprentissage du piano et de la guitare puis est retournée vivre avec son père à l’âge de 14 ans. La toute première chanson qu’elle a écrit, à 15 ans, traite de sa mère et des traumatismes de son éducation.
Malgré une enfance difficile, Ayo a poursuivi son rêve musical et s’est installé à Londres à 21 ans. Possédée par l’esprit gitan de sa mère, elle se retrouve bientôt à Paris où elle fut découverte en jouant dans des boîtes de nuit comme Le Triptyque et Le Trabendo.
Ayo a même donné naissance à son premier enfant, Nile, avant de déménager pour New York ou elle a enregistré son premier album Joyful avec le titre « Down On My Knees » qui est devenu un hit européen. Elle posa ensuite son sac dans les Bahamas deux ans plus tard pour élaborer, Gravity at Last. Les deux albums ont été enregistrés en cinq jours, un signe certain de l’immédiateté brute de sa musique. Une qualité à laquelle ne déroge pas son nouvel opus.
Par Miles Marshall Lewis