Sur son premier album, Joyful, Ayo se livre à des balades mêlant soul et reggae, comme sur le tube « Down On My Knees ». Assurant le duo guitare-chant, cette musicienne, talentueuse et sensible, est en tournée. Elle joue à Paris, à l’Olympia, ce 18 décembre.
« Ne pas avoir de pays, c’est être libre ». Telle est la philosophie d’Ayo (« joie » en yoruba), chanteuse âgée de 26 ans, aux origines pour le moins originales : née à Cologne d’un père nigérian, ingénieur en mécanique et DJ à ses heures, et d’une mère gitane, héroïnomane, qui a quitté la maison quand elle avait 6 ans, cette belle métisse chante en anglais.
Son premier album, vendu à plus de 150.000 exemplaires en trois mois, se révèle un franc succès. Empli de spiritualité, il s’appelle « Joyful ». C’est son surnom : « J’ai foi en la vie », explique t-elle. Composé de chansons de toutes les couleurs – folk, soul, reggae – l’opus raisonne comme un écho des blessures et des bonheurs de la chanteuse. Son tube « Down on My Knees » ou « And It’s Supposed to Be Love », deux complaintes mélancoliques, donnent des frissons.
Ses textes évoquent le racisme, son enfance abîmée, ses parents divorcés… Mais « sans rancune, sans procès », précise t-elle. Ayo mentionne aussi, au fil de ses titres, l’Afrique et le Nigeria, qu’elle connaît peu et où elle se rendra bientôt. Son deuxième prénom, Olasunmibo, signifie « celle qui est née à l’extérieur, mais qui reviendra avec la prospérité en elle».
Un parcours cosmopolite
Ayo est tombée dans la musique dès ses premiers pas. Enfant, elle baigne dans l’environnement de son père, musicien, qui lui transmet sa passion. La débutante s’initie au violon, joue du piano entre 10 et 14 ans, puis se découvre des aptitudes pour la guitare. Passant sa jeunesse entre l’Allemagne et le Nigéria, elle s’installe à Londres, en 2001. La musicienne habite désormais entre Paris, où « elle se sent comme à la maison » et New-York, « un vrai melting-pot à l’œuvre », qui ne peut que lui plaire…Elle y partage sa vie avec son fils, nommé Nile et âgé de 9 mois, fruit de son union avec le chanteur Patrice.
Ses influences musicales viennent autant de Bob Marley, Jimmy Cliff, Stevie Wonder ou Billie Holiday. Elle apprécie surtout la musique des années 70, qui véhicule « plus d’émotions, de sensibilité que celle d’aujourd’hui, une musique bien plus froide, trop technique, trop synthétique. Moi j’aime que le piano ait le son d’un piano, pas d’un synthétiseur ».
Sensible et humble
Elle confesse trouver sa plénitude lorsqu’elle est au chant, en s’accompagnant de la guitare, « parce qu’alors je suis moi-même à 100% », puis explique : « Dans la vie de tous les jours, vous n’êtes qu’à moitié vous-mêmes. Tout reste en surface. Vous cachez vos sentiments profonds. La musique, pour moi, ce n’est pas de la représentation, ce n’est pas une performance, c’est ce qui me permet d’être moi ».
Malgré sa réussite actuelle, celle qui est en tournée jusqu’au 18 décembre à l’Olympia, sait d’où elle vient et garde la tête froide. Si à sa place, d’autres pourraient avoir la folie des grandeurs, Ayo redouble d’humilité et reste elle-même, en toute simplicité : « Je ne veux que ce dont j’ai besoin pour vivre. Je serais bien plus heureuse d’aider dix enfants dans le besoin que de m’acheter dix sacs Louis Vuitton! ».