Son père, feu Vicky Longomba, chanteur de charme et membre cofondateur de l’Ok Jazz avec Franco Luambo entre autres, aura-t-il inoculé à son fils le virus de la musique ? En l’espace de neuf printemps, Awilo est parvenu à hisser son patronyme congolais dans le top continental, en ne jurant que sur la « nouvelle technologie du soukouss ».
Par Firmin Mutoto Luemba
En neuf ans et quatre albums, Awilo Longomba – alias « le propriétaire de tous les dossiers » – est quasiment en train de bouleverser la donne musicale. Mine de rien. Ses succès discographiques et scéniques feraient croire qu’il n’est pas concerné par la grave crise qui sévit dans l’univers de la musique en général, et celui de la RDC en particulier. Bien au contraire, la « mystérieuse » star de la techno-soukouss, dont le dernier album ‘Mondongo s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires en France, manifeste de grandes ambitions. Tour d’horizon.
Afrik : Pourquoi ce surnom de « propriétaire de tous les dossiers » ?
Awilo Longomba : Oh ! C’est juste une fantaisie de ma part, autant que Michael Jackson aussi se fait appeler « Le roi de la pop ».
Afrik : Comment et quand est né en vous le goût de la musique ?
Awilo Longomba : J’ai été attiré par cet art dès mon enfance. Il y a eu sûrement aussi l’influence de mon père qui était chanteur. Ne dit-on pas tel père, tel fils ? Toutefois, je ne suis pas dans la même lignée que lui. Mon style est différent de ce que lui faisait.
Afrik : Quel est votre style ?
Awilo Longomba : Je fais de la techno-soukouss, autrement dit une nouvelle technologie du soukouss. J’y mélange beaucoup de musiques africaines, notamment au niveau des percussions et des guitares. J’adore la musique traditionnelle que j’exploite également dans certaines de mes chansons.
Afrik : Quelle est votre lecture de cette musique africaine ?
Awilo Longomba : Elle est une source inépuisable. C’est la musique du futur, la seule qui soit propre, qui soit restée pure. Mais nous manquons de moyens pour l’exploiter. Nous avons un public qui aime notre musique, mais qui n’a malheureusement pas de gros pouvoir d’achat.
Afrik : La musique de la RDC est-elle, selon vous, en chute comme beaucoup le disent ?
Awilo Longomba : Je ne pense pas. Les gens le prétendent parce qu’actuellement tous les ténors de notre musique n’ont pas de disques sur le marché.
Afrik : En ces temps de morosité coté ventes d’albums et tournées, vous faites quasiment l’exception ! Quel est votre secret ?
Awilo Longomba : L’exception, non ! Il y en a d’autres aussi qui tournent aussi. Je n’ai pas encore joué partout ! En ce qui me concerne, je n’ai pas vraiment de secret. J’essaie juste d’être discipliné et sérieux par rapport à mes engagements.
Afrik : Quels sont les artistes et les musiques que vous écoutez ?
Awilo Longomba : J’écoute tout le monde et je m’inspire de tout, je n’ai pas de préférence. Mais je suis nostalgique de la vieille génération de la musique congolaise, avec des artistes comme Franco, Grand Kallé, Vicky Longomba, Tabu Ley, Docteur Nico…J’aime également le jazz, ainsi que le son des Américains et des Jamaïcains.
Afrik : Avec le succès de votre dernier album, espérez-vous entrer dans une major (grande maison de disques internationale) ?
Awilo Longomba : Je ne suis pas produit par des majors, mais je ne m’en plains pas. Toutefois, je ne refuserais pas de travailler avec une major dans les meilleures conditions. Mais l’essentiel reste que le disque marche bien. C’est là qu’interviennent des facteurs comme la chance, la beauté de l’œuvre…Par exemple, un morceau comme « 1er gaou » (Magic System) ressemblait au départ à une maquette, « Mario » de Franco n’était pas enregistré dans les conditions les plus excellentes, mais ils ont cartonné.
Afrik : Vous êtes très discret sur votre vie privée. Qui est exactement Awilo Longomba ?
Awilo Longomba : Mon age est mystérieux, je n’aime pas le déclarer mais, exceptionnellement, je vous le dis : 42 ans. Je suis marié, père des deux enfants âgés de 15 et 10 ans.
Afrik : En tant qu’artiste, dans quel pays vous sentez-vous le plus aimé ?
Awilo Longomba : Au Nigeria, je suis le seul artiste à avoir réalisé des records : trois jours d’affilée dans un stade. Là-bas, mes albums, notamment Coupé bibamba sont adaptés en langues locales par des artistes autochtones. Et ils sont même joués dans des églises. J’ai également une certaine notoriété en Tanzanie, en Ouganda, au Kenya, au Zimbabwe, au Cameroun, au Malawi. Et je suis le seul Congolais à avoir joué à Sao Tomé et Principe (2001), ainsi que le seul Africain, en même temps que Myriam Makeba, à s’être produit en Libye (2001), lors de la création de l’Union Africaine. Mais tout ça, je ne m’en suis jamais vanté car trop parler peut nuire.
Afrik : Mais vous ne vous êtes jamais produit à Paris ou presque
Awilo Longomba : Si, si. En 1996, j’ai participé à un festival qui se tenait à la Porte de la Villette. J’ai également fait le Zénith en 2003, en compagnie d’autres grosses pointures internationales. C’était à l’occasion de la compilation Tribute to the cinq, réalisée par Sony et où j’ai été le seul artiste africain à figurer. Mais prochainement, il y aura un concert d’Awilo en solo, à Paris.
Afrik : Et à Kinshasa ?
Awilo Longomba : Quand les promoteurs se manifesteront.