A deux mois des élections présidentielles, Alpha Konaré n’a toujours pas désigné de successeur. La confusion dans les rangs de son parti nourrit les espoirs de l’opposition. Profitant de cette ouverture, le Parena (Parti pour la renaissance nationale), longtemps proche du pouvoir, affirme son indépendance et présente son candidat. Interview de Tiébilé Dramé, ancien ministre des Affaires étrangères et nouveau présidentiable.
Deux fois ministre, en 1991 et en 1996, Tiébilé Dramé n’a pas toujours été aussi critique vis-à-vis du président Konaré. Mais aujourd’hui, il évoque à loisir les » insatisfactions » des Maliens après dix ans aux mains du leader de l’Adéma (Alliance pour la démocratie au Mali). Investi candidat de son jeune parti, le Parena (Parti pour la renaissance nationale), depuis le 24 février dernier, Tiébilé Dramé pointe les difficultés économiques de son pays et prône le renouveau. Un programme qui demande quelques éclairages, s’il veut se démarquer dans une course à la présidence qui menace de dégénérer en conflit de personnes.
Afrik : En quoi votre programme se démarque-t-il de celui des autres candidats ?
Tiébilé Dramé : J’insiste beaucoup sur le rôle nouveau que doit jouer l’école et la formation. Je veux aussi préserver la famille et la femme maliennes. J’ai exposé mon programme, intitulé » Pour un Mali qui gagne « , et j’attends à présent que les autres candidats présentent les leurs.
Afrik : Que pensez-vous de la confusion qui règne dans les rangs de l’Adéma, le parti du président sortant ?
Tiébilé Dramé : C’est très regrettable pour eux. A deux mois des élections, ils ont intérêt à remettre de l’ordre dans leurs rangs au plus vite et à s’unir autour d’un candidat.
Afrik : Mais en même temps, cela ne vous sert-il pas dans une certaine mesure ?
Tiébilé Dramé : (sourire) Cette situation est quand même préjudiciable au débat démocratique…
Afrik : Quel bilan faites-vous des dix ans de pouvoir du président Konaré ?
Tiébilé Dramé : Le président Konaré n’a pas démérité. Il a entériné un processus démocratique sur lequel personne ne pourra revenir. Mais aujourd’hui, le Mali est un pays trop pauvre. Le revenu national est égal à la moitié du revenu du Sénégal. C’est pourquoi notre ambition serait de créer une réelle dynamique économique.
Afrik : C’est à dire ?
Tiébilé Dramé : Une de nos premières mesures sera de faire un audit institutionnel. D’autre part, nous pensons que si le Mali veut s’en sortir, il ne peut prétendre y arriver seul. Il faudra resserrer les liens avec tous les pays qui nous aident et notamment avec la France. Il s’agira aussi de participer, en toute humilité, à la stabilité de notre région, condition nécessaire à la confiance des investisseurs. Une nouvelle coopération africaine voit le jour et il nous semble que le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement, ndlr) en est un élément important.
Afrik : Êtes-vous inquiet quant au bon déroulement des élections ?
Tiébilé Dramé : Nous avons été parmi les premiers à critiquer le déroulement des élections de 1997. Heureusement, les dérives anarchistes ou aventuristes ont été évitées et de gros efforts ont été faits pour préparer le scrutin de 2002. Preuve en est que même ceux qui avaient boycotté les élections de 1997 y participeront cette année. Nous resterons vigilants.
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