
Le général gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu samedi 12 avril avec un « score de Maréchal » de 90,35% des voix à la magistrature suprême, avec un taux de participation historique avoisinant les 70%. Cette élection incontestable marque la volonté presque unanime du peuple gabonais de « tourner la page » de l’ère Bongo père-et-fils, et souligne la maturité politique d’un pays qui a choisi de sortir la tête haute de la transition ouverte par le renversement d’Ali Bongo le 30 août 2023. Preuve éclatante de cette volonté de changement : le candidat de la continuité, Alain-Claude Bilie By Nze, dernier Premier ministre d’Ali Bongo, n’a obtenu que 3,02%.
Les défis à relever sont nombreux pour le nouveau président, auquel une victoire électorale incontestable donne maintenant une lourde responsabilité. Il est à noter que les missions d’observation internationales ont salué le déroulement du scrutin. Au cours d’une conférence de presse commune, les missions de l’Union africaine, de la CEEAC, de la Francophonie et du Commenwealth ont félicité les Gabonais pour leur « maturité ».
Répondre à la « détresse » des Gabonais
Cette élection, saluée un peu partout dans le monde, notamment en France par Emmanuel Macron qui parle « d’une étape essentielle », mais aussi par le Roi du Maroc Mohammed VI, pourtant ami proche d’Ali Bongo, ouvre clairement une nouvelle ère, pour laquelle les Gabonais nourrissent de légitimes attentes… Dont le nouveau président est fortement conscient, ainsi qu’il l’a exprimé dès qu’il a eu connaissance des résultats : « les Gabonais attendent beaucoup de nous, 90,35% c’est une preuve de leur détresse… »
Etablir une « bonne gouvernance »
L’un des défis soulignés par l’ancien Premier Ministre Julien Nkoghe Bekale, qui avait clairement exprimé sur TV5-Monde son soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema, est « celui de l’établissement d’une bonne gouvernance« , propre à remédier aux dérives observées au cours des dernières années, et dont l’ancien Président du Conseil économique, social et environnemental du Gabon, retiré sur l’Aventin, avait su rester à l’écart, en gardant sa loyauté aux institutions démocratiques. Et cela impose désormais à toute la classe politique gabonaise de se retrousser les manches pour remettre le Gabon dans la voie du développement.
Le président nouvellement élu sait qu’il va devoir compter sur toutes les compétences, à la fois parmi « les anciens » déjà expérimentés et parmi les nouvelles figures du « Rassemblement des Bâtisseurs » qui l’accompagne, et qui va se muer désormais en véritable parti politique, pour affronter la prochaine étape, celle des élections législatives.