Alors que ses troupes gagnent du terrain, Marc Ravalomanana est en passe de remporter une autre victoire. La plupart des bailleurs de fonds assistent ce mercredi au 42ème anniversaire de l’indépendance malgache. Un pas décisif vers une reconnaissance internationale. Que seule la France se refuse à franchir.
Ce mercredi est à marquer d’une pierre blanche pour Marc Ravalomanana. Depuis des mois, il se battait pour que la communauté internationale reconnaisse son élection à la présidence de la république malgache. C’est désormais chose faite. Ou presque. Ce mercredi, à l’occasion du 42ème anniversaire de l’indépendance malgache, la plupart des bailleurs de fonds – Etats-Unis, Union européenne, Japon, Grande-Bretagne, Allemagne, Banque mondiale et Fonds monétaire international – ont fait le déplacement. Dépêchant chacun le numéro un de leur représentation diplomatique à Antananarivo. La France était la seule à briller par son absence.
Vers une reconnaissance internationale
Un message clair pour le président malgache. On se souvient que le 6 mai, lors de la cérémonie d’investiture, les chancelleries avaient envoyé leur numéro 2 pour ne pas cautionner le nouveau régime avant l’aboutissement du processus de réconciliation engagé par l’OUA(Organisation pour l’unité africaine). Après l’échec de cette médiation le week-end dernier, un ministre de Ravalomanana n’avait laissé planer aucune ambiguïté : » Si demain les numéros un des ambassades assistent aux festivités, il s’agira d’une reconnaissance politique explicite « , avait-il déclaré mardi à l’AFP sous couvert d’anonymat.
Une reconnaissance clairement affichée par certains pays. Les Etats-Unis ont d’ores et déjà décidé » de mener normalement les affaires d’Etat avec le gouvernement du président Ravalomanana « , selon un responsable de l’ambassade. Un soutien de taille, puisque cette reconnaissance s’accompagne d’un déblocage des avoirs extérieurs de l’Etat malgache, dont la plus grande partie se trouve aux Etats-Unis. Quant aux autres bailleurs de fonds, après avoir attendu jusqu’à la veille de la cérémonie la position de la France, ils ont finalement décidé de se désolidariser.
La France traîne les pieds
La France reste ainsi la seule à exiger que le plan de réconciliation de l’OUA, qui proposait d’organiser de nouvelles élections présidentielles, soit appliqué. Dans un message adressé ce mercredi au peuple malgache, Jacques Chirac s’est dit » convaincu que seule une solution politique, basée sur un dialogue constructif entre toutes les parties, peut permettre de retrouver le chemin de l’unité, de la paix et du développement « .
Reste que le président malgache a désormais pris largement l’avantage sur son rival. Sur tous les fronts. Diplomatique, économique et militaire. Les troupes du président sortant Didier Ratsiraka se délitent progressivement et ont perdu quatre des six provinces qu’elles occupaient. Les partisans de Marc Ravalomanana, qui ont repris le contrôle du pétrole, se trouvent maintenant à 60 km du fief de Didier Ratsiraka. Et seront maîtres de l’ensemble du territoire dans les jours qui viennent, si l’on en croit le président malgache.