Promouvoir l’art et le développement, c’est le thème de la première édition du festival international des Arts Visuels, qui se tiendra du 22 novembre au 9 décembre à Abidjan. La manifestation réunira une centaine d’artistes du monde autour d’ateliers, de colloques, et d’expositions. Thierry Fieux, commissaire général du festival, a accordé une interview à Afrik.com.
L’objectif étant de diffuser les oeuvres des artistes en confrontant les styles, les époques et les groupes. Ce sera en effet, la première manifestation artistique d’envergure depuis la fin de la crise ivoirienne. Le festival inaugurera également l’ouverture de la fondation Charles Donwahi pour l’Art Contemporain. L’art numérique, la vidéo, la photographie, le design, la peinture ou la sculpture, sont parmi les disciplines choisies. L’AVA 2007 propose au public un programme riche, avec des visites de lieux ou des conférences à thème. Jacobleu, Michèle Tadjo, Yak, Stenka, pour la Côte d’Ivoire, accueilleront ainsi des artistes chinois, japonais ou suisses. Thierry Fieux, commissaire général du festival, et propriétaire de la Galerie, Le LAB à Abidjan, nous explique en quoi cette manifestation innove :
Afrik : Quel est votre rôle dans l’AVA 2007 ?
Thierry Fieux : Jacobleu qui est peintre et Secrétaire Général du festival, m’a choisi comme Commissaire général, et j’ai le privilège de choisir les artistes internationaux qui seront invités, de même que les oeuvres et les installations. Le but du festival est de permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver sa place dans les pays qui ont compté d’un point de vue culturel et, dans un deuxième temps, de marquer d’une pierre blanche la sortie de crise. Il s’agit d’une confrontation entre artistes ivoiriens et étrangers qui soit pédagogique et fructueuse, avec des colloques et des ateliers. Il y aura un prix offert par la Cité des Arts de Paris : une résidence de trois mois à Paris, pour un jeune artiste ivoirien, tous frais payés.
Afrik : Les Arts Visuels, ça regroupe quoi ?
Thierry Fieux : La peinture, la sculpture, la vidéo, des installations et des performances en direct. Tout ce qui peut être vu.
Afrik : Quel sera le programme de cette première édition ?
Thierry Fieux : C’est un programme très riche. L’inauguration officielle du festival aura lieu à la fondation Charles Donwahi pour l’art Contemporain, notre site officiel avec l’ensemble des œuvres. Dans ma propre galerie située aux Deux Plateaux, il y aura l’exposition d’un peintre ivoirien de renom. Puis suivront les colloques, les conférences, avec des intervenants étrangers : Manthia Diawara, par exemple, qui vient des Etats-Unis. Eliane Chiron, une artiste plasticienne de Paris, Sylvain Sankalé, qui a été président du conseil scientifique du Dak’art (2000). Les artistes ivoiriens s’exprimeront sur les nouveaux médias sur les thèmes Art et Paix. Et les ateliers seront accompagnés de sorties pour faire connaître la ville et montrer les conditions de travail des artistes. Le festival dure quinze jours et nous voulons une manifestation pédagogique pour que le public apprenne ce qu’est l’art contemporain. Il y aura également de la vidéo, et je pense à une œuvre du sénégalais Souley Cissé, sur la guerre, qui est formidable et qui sera présentée. Ce seront des choses qu’on n’a pas l’habitude de voir, et je précise également que le thème de l’environnement sera mis en relief.
Afrik : En quoi cette manifestation se différencie t-elle du MASA ou du Dak’Art ?
Thierry Fieux : Un article disait que nous voulions contrecarrer le Dak’Art ou prendre sa place. Ce n’est pas du tout pareil ! Le but de l’AVA 2007 est d’abord que nos jeunes apprennent de l’extérieur. Comme ces artistes ne peuvent pas se déplacer et n’ont pas les moyens d’aller à l’étranger, nous faisons venir à eux les artistes de l’étranger. C’est comme ça que Jacobleu est venu me voir car dans ma galerie, LE LAB, j’ai installé une petite bibliothèque, avec des ouvrages d’art, des revues internationales, pour que les artistes puissent voir ce qui se fait ailleurs. Donc l’AVA 2007 est d’abord une confrontation amicale entre artistes ivoiriens et étrangers. D’ailleurs, pour éviter les mauvaises comparaisons, nous n’afficherons pas le prix des œuvres qui sera négocié entre l’acheteur et l’artiste.
Afrik : Quel est la situation des artistes ivoiriens aujourd’hui ?
Thierry Fieux : Disons que les collectionneurs se plaignaient. J’ai moi-même été collectionneur. Cela faisait quinze ans que nos artistes répétaient les mêmes choses, notamment ces motifs ethniques, en copiant parfois les maîtres. Or les galeries à Abidjan, voulaient du renouveau. Récemment, il y a eu une exposition pour montrer des oeuvres différentes et nouvelles. Le but était d’amener les artistes à prendre plus de risques et à réfléchir sur leur art et leur condition. Je pense notamment aux grafolies* sous Henriette Diabaté, qui était quelque chose de formidable. Avec l’AVA 2007, nous souhaitons que la Côte d’ Ivoire retrouve sa place dans le marché de l’art.
Afrik : Justement, comment se porte le marché de l’Art Africain ?
Thierry Fieux : Concernant la Côte d’ Ivoire, c’est un marché qui est à créer. Il existe en parti, mais il faut le développer. Nous allons d’ ailleurs en parler lors des divers colloques. Quant aux galeries, elles doivent rechercher des artistes originaux et des rétrospectives sont prévues pour amener à une nouvelle inspiration. Il faut également donner les moyens aux artistes de s’exprimer différemment. Je pense au designer Issa Diabaté, qui l’année dernière, avait crée une assiette contemporaine, qui est exclusivement ivoirienne. On ne peut s’en servir qu’en Côte d’ Ivoire. Elle a deux conteneurs, l’un pour l’athiéké et l’autre pour la viande. Et la sauce, par un procédé original, coule sur l’athiéké. Voilà, c’est quelque chose de vraiment recherché et qui puise dans la culture locale !
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