Un groupe rebelle hostile au gouvernement du Niger a revendiqué la responsabilité d’une attaque lancée le 21 janvier sur la ville de Tanout (sud-est), près de Zinder, le centre opérationnel des programmes humanitaires dans l’est du pays.
Trois hommes ont été tués et sept autres ont été faits prisonniers – dont le préfet, le plus haut représentant du gouvernement à Tanout – au cours de l’attaque, qui a eu lieu la nuit, selon le gouverneur de la région de Zinder, interrogé par l’agence de presse Reuters, le 22 janvier. La ville de Tanout se situe à 150 kilomètres au nord de Zinder et à 950 kilomètres à l’est de Niamey, la capitale.
Sur son site web, le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) a reconnu avoir fait 11 prisonniers et tué sept agents de police et soldats.
L’attaque de Tanout s’inscrit dans stratégie d’élargissement progressif d’un conflit qui oppose le gouvernement au MNJ, et qui a commencé en février 2007. Depuis décembre, des explosions de mines ont eu lieu pour la première fois à Maradi et à Tahoua, villes commerciales et principaux centres opérationnels des programmes humanitaires, ainsi qu’à Niamey.
Le MJN prétend lutter pour une plus grande autonomie politique et économique des Touaregs, le groupe ethnique majoritaire du nord du pays. Le mouvement rebelle a nié toute responsabilité dans la pose de mines.
Selon le représentant d’une organisation humanitaire qui a requis l’anonymat, bien que les attaques des rebelles dans la région du sud du Niger aient brièvement interrompu les opérations humanitaires au début du mois de janvier, les opérations devraient se poursuivre comme d’habitude.
« Je ne pense pas que ces attaques vont continuer », a dit le représentant. « Elles ressemblent plutôt à des attaques sporadiques simplement destinées à faire étalage de leurs moyens d’action et à envoyer un signal fort, pour montrer qu’ils sont capables d’atteindre n’importe quelle région du pays quand ils le veulent ; mais je ne pense pas qu’ils aient les moyens de lancer réellement des attaques partout ».
Vaste pays ouest-africain, dont la superficie est comparable à celle de l’Europe de l’Ouest, le Niger fait partie des pays les plus pauvres de la planète.
Chaque année, de juin à novembre, les organisations humanitaires internationales investissent quelque 45 millions de dollars américains dans des opérations humanitaires pour prévenir les décès liés à la malnutrition, alors que les populations défavorisées du pays éprouvent des difficultés pour survivre jusqu’à la fin de la période de soudure, leurs réserves de nourriture et leurs avoirs, obtenus à la suite des précédentes récoltes, étant déjà épuisés.
Des organismes de veille alimentaire ont prévenu que les prix anormalement élevés des produits alimentaires sur les marchés ouest-africains en 2008 pourraient annoncer une année particulièrement difficile pour les populations, notamment pour celles de la région semi-aride du Sahel qui comprend le Niger, mais aussi le Tchad, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie.
La région nord du pays a déjà été en grande partie coupée de l’accès à l’aide humanitaire en raison des combats et des mines disséminées à travers le désert et la région montagneuse.