Le 2 février 2010, le tribunal de Guelmim a condamné le blogueur Boubaker Al-Yadib à six mois de prison ferme et 500 dirhams d’amende, pour « dégradation des biens de l’Etat », « atteinte à un agent de l’Etat », et « participation à une manifestation illégale ». Il est toujours incarcéré à la prison de Guelmim depuis son arrestation, le 26 janvier 2010. La défense a décidé de faire appel.
« Cette condamnation inique est un nouveau coup porté à la liberté d’expression au Maroc. Boubaker Al-Yadib a été officiellement arrêté pour avoir participé à une manifestation illégale. Or, il apparaît clairement que les motifs de son arrestation et de sa condamnation sont liés à l’engagement militant du blogueur, sur Internet, en faveur de la liberté d’expression. Par ailleurs, en l’absence de chef d’inculpation avant l’arrestation, cette dernière est par nature illégale. En outre, la comparution devant le juge a été expéditive, ne respectant pas les droits de la défense », a dénoncé Reporters sans frontières.
Le 26 janvier 2010 au soir, Boubaker Al-Yadib a été arrêté et placé en garde à vue au commissariat de Guelmim (190 km au sud d’Agadir). Les autorités lui reprochent en réalité d’avoir publié en ligne, le 25 janvier 2010, l’annonce d’une grève des blogueurs pour « une semaine de deuil pour la liberté d’expression au Maroc ». Cette action, lancée par l’Association des blogueurs marocains, devait durer jusqu’au 31 janvier 2010.
Reporters sans frontières rappelle que le blogueur El Bachir Hazzam avait été condamné initialement à quatre mois de prison ferme pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’image du royaume concernant les droits de l’homme ». Le propriétaire d’un cybercafé, Abdullah Boukfou, avait quant à lui écopé d’un an de prison ferme pour avoir diffusé des informations relatives aux manifestations et pour « possession de publications incitant à la haine raciale ». Trois manifestants ont également été condamnés à six mois de prison pour « usage de la violence », « trouble à l’ordre public » et « insultes à fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions ». Ils sont depuis incarcérés.
« Nous demandons la libération immédiate du blogueur, ainsi qu’un jugement rectificateur attestant de l’innocence de Boubaker Al-Yadib », a conclu l’organisation, qui rappelle que s’ouvrira le 8 février prochain le procès en appel du blogueur El Bachir Hazzam et de Abdullah Boukfou, propriétaire d’un cybercafé, arrêtés également suite aux manifestations du 1 décembre 2009.
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