Le parquet de la capitale Bamako a jeté en prison un journaliste suite à un article portant sur un sujet de dissertation de lycée à propos d’un scandale imaginaire impliquant un président de la République et sa maîtresse.
Seydina Oumar Diarra, le secrétaire de rédaction du quotidien privé Info-Matin, a ainsi été interrogé pendant plus de trois heures, inculpé pour offense au chef de l’état, et écroué à la prison centrale de Bamako mercredi dernier, a déclaré Sékouba Samaké au CPJ. Le chef d’inculpation encoure une peine allant jusqu’à un an de prison et une amende pouvant
aller jusqu’à 600 000 francs CFA (1200 dollars américains). Le professeur de lycée a été également écroué.
« L’histoire est tellement invraisemblable qu’elle serait risible si deux personnes n’étaient pas en prison », a déclaré Joël Simon, directeur exécutif du CPJ. « Nous appelons les autorités à abandonner immédiatement ces charges et à libérer de prison Diarra et le professeur ».
Dans cet article du 1er juin, Diarra interviewait le professeur et les lycéens d’une classe de 10ème, et constatait que le sujet de la dissertation pouvait inquiéter certains parents. Le professeur a dit à Diarra qu’il avait donné ce sujet dans le but de faire réfléchir les
étudiants sur les questions d’ordre moral.
Le procès est prévu pour le 26 juin, a déclaré Brima Kanté, un avocat de la défense, au CPJ. Diarra est le premier journaliste emprisonné au Mali depuis 2003.
Le CPJ est une organisation indépendante à but non-lucratif fondée en 1981 afin d’observer et d’enquêter sur les abus commis contre la presse et promouvoir la liberté de celle-ci à travers le monde.