Les altermondialistes sont entrés dans le vif du sujet ce vendredi à Bamako où se tient le Forum social mondial polycentrique. Dix thèmes sont débattus par les forumistes à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile sur une dizaine de sites répartis dans la capitale malienne.
Le Forum social mondial polycentrique de Bamako a réellement démarré ce vendredi, jour férié au Mali (fête de l’armée), avec les différents ateliers initiés par les organisations qui prennent part au forum. Articulés autour des dix thèmes – guerre et paix, libéralisme mondialisé, agressions contre les sociétés paysannes, femmes et lutte contre le patriacat, médias et communication, destruction des écosystèmes, dette et commerce international, luttes sociales, coopération et alternatives – les forumistes réfléchiront, jusqu’à dimanche, en petits comités sur les modalités de contrer les effets dévastateurs du néolibéralisme. De l’art de fabriquer des jouets traditionnels, en passant par la criminalisation des migrants, l’accès des femmes à la terre, le Togo, la question du Sahara Occidental, à l’instauration d’un nouvel ordre mondial, tout est évoqué lors de ce forum social très éclaté. Cette année, le forum des jeunes est, quant à lui, consacré au révolutionnaire burkinabé Thomas Sankara, qui 20 ans après sa mort, demeure toujours une source d’inspiration. Particulièrement pour la jeunesse africaine, actrice de premier choix dans concrétisation de l’ambition altermondialiste affirmée dans ce désormais très familier slogan : « Un autre monde est possible ».
L’énergie et l’eau : « des questions silencieuses »
L’avènement de ce monde passe bien évidemment par l’émergence d’un nouvel ordre international, thème de l’un des débats, convoqué par l’ONG Ubuntu, Forum mondial des réseaux de la société civile, basé en Espagne. L’organisation est à l’origine d’un manifeste pour la réforme des institutions internationales, plus particulièrement du système des Nations Unies et des organisations multilatérales mondiales comme la Banque Mondiale ou l’Organisation Mondiale du Commerce. A ce débat participait notamment Frederico Mayor, à l’origine du forum permanent qu’est Ubuntu et Sara Longwe, présidente sortante du réseau Femnet, Réseau du développement et de la communication des femmes africaines.
La Zambienne a rappelé qu’il était primordial que l’émergence de ce nouvel ordre implique la prise en compte des besoins des femmes, ainsi que ceux de groupes souvent marginalisés comme les homosexuels ou les transsexuels. Car a-t-elle dit, ils « appartiennent tous à notre humanité ». L’ancien directeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture a noté, pour sa part, que les Nations Unies, en dépit de ses imperfections représentaient une arme juridique pour éviter des dérapages comme les actes d’ingérence. De fait la stabilité, la sécurité et la souveraineté des Etats des pays en voie de développement constituent, selon lui, des fondamentaux pour leur permettre de jouer leur rôle et de tirer profit des institutions internationales. Des institutions qui doivent être démocratisées, comme le réclame le manifeste lancé par Ubuntu, c’est à dire plus ouverte à la société civile.
Frederico Mayor a également rappelé que les questions relatives à l’énergie, source de la plupart des conflits actuels, et à l’eau, souvent éludées parce que stratégiques, devraient être impérativement discutées pour garantir la paix mondiale. En conclusion, il a insisté sur le droit à la liberté d’information afin que de « spectateurs passifs », nombre de ces concitoyens, deviennent des émetteurs d’information. Venus d’Afrique du Sud, du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Maroc, de la Namibie, du Niger, du Togo, du Sénégal, d’Iatlie, de France, de Belgique, de Suisse, des Etats-Unis, de la Chine, du Brésil… et bien évidemment du Mali, les plus de 400 ONG présentes à Bamako l’ont déjà bien compris. Ces trois derniers jours du forum seront donc fortement mis à profit pour transmettre à la planète le message des défenseurs d’un monde plus équitable et plus juste.