Au coeur des racines africaines à Paris


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Les salons de coiffure africains longent tout le boulevard de Strasbourg à Paris. Tresses, nattes, défrisage, il y en a pour tous les goûts. Paris se découvre capitale de la coiffure afro. Reportage.

Accoster des passants pour les attirer dans un salon de coiffure, c’est le travail de deux  » rabatteurs « . Ils font des allers et venues entre le salon Afro Coif et le boulevard de Strasbourg à Paris pour ramener des clients. Audrey, étudiante française aux cheveux châtains, interpellée à la sortie du métro est dirigée vers le salon. Une des six coiffeuses, Marie-Claire, l’aborde la première. Elle lui fixe un prix par rapport à sa demande. Aucun support n’indique les tarifs officiels du salon de coiffure sur la devanture, ils sont cachés derrière les shampoings. Le prix de la prestation se négocie. Elle dépend de la complexité de la coiffure. Marie-Claire descend jusqu’à 100FF après une discussion susurrée à l’oreille avec l’étudiante.

Le tarif marchandé, place à la coiffure. Audrey a déjà fait son choix. La coiffeuse la conseille seulement sur le choix des mèches.  » Non, il vaudrait mieux rajouter des cheveux naturels en les tissant plutôt que de les coller, cela va abîmer tes beaux cheveux « . Après le compliment, direction la boutique. Accompagnée d’Abedayo, sous-directeur du salon, Audrey part à la recherche de mèches appropriées. Après plusieurs va et vient entre le magasin voisin et le salon, elle se décide pour des mèches naturelles à 200FF de même couleur que ses cheveux. Puis, la jeune-femme, fascinée par la rapidité à laquelle les coiffeuses tressent les cheveux des autres clientes, attend sur une chaise en cuir noir pendant trois quarts d’heure. Marie-Claire tresse les cheveux longs et fins d’une rousse. Elle coud une perruque brune avec des reflets auburn.

Tresses pour une rousse

Juste à ses côtés, Angélique, une habituée de la maison, attend impatiemment qu’Amado, trapu à la trentaine joyeuse, lui finisse ses tresses et son tissage.  » J’aimerais que l’on s’occupe de moi pour repartir le plus vite possible. C’est mon jour de repos et je souhaiterais faire autre chose. D’habitude, j’ai ma coiffeuse attitrée mais aujourd’hui elle est absente. Je la préfère aux autres car elle est plus aimable et plus disponible surtout « . Amado va d’Angélique à une autre. Il badigeonne de pink oil (produit rose pour entretenir les cheveux) une cliente aux cheveux hérissés.

Petite distraction, un marchand passe. Il vend sa camelote, une quinzaine de bracelets en plaqué or. Elancé, la quarantaine, il sort tranquillement les bracelets de son sachet en plastique transparent, les dispose minutieusement sur son bras. Sans mot, il fait le tour. Une cliente passe une main sur les bijoux et hoche la tête en signe de négation, une autre touche du bout des doigts. Sans succès, il ressort du salon avec flegme et d’un pas nonchalant.

Mèches châtains pour Audrey

Marie-Claire, grosses nattes brunes et blondes collées aux cheveux, vient de terminer avec sa cliente, transformée par sa nouvelle coiffure. Elle lui enlève sa blouse bleue qu’elle tend directement à Audrey. La coiffeuse tresse l’étudiante en insérant des mèches noires et lui rajoute des cheveux naturels. Astuce. Les cheveux naturels coûtent plus chers mais sont moins lourds et grattent moins le cuir chevelu. Marie-Claire prend une aiguille plantée sur une tête de mannequin en polyester et commence à coudre avec du fil épais marron. Petit déhanchement de satisfaction sur la musique diffusée par un petit poste radio posé sur une étagère.

Six coiffures par jour en moyenne

En trente minutes, la chevelure d’Audrey a presque doublé de volume et s’est allongée d’au moins trente centimètres. Marie-Claire tend à Abedayo, le jeune manager nigérian, le montant de la coiffure sur un ticket. En même temps, l’assistant du directeur, les yeux pétillants interpelle, par réflexe, des passantes avec la main en marmonnant  » come here, come here « . Les touristes commencent à arriver à Paris et c’est la période des soldes. Parler anglais pour ne pas perdre de clientes. Les six coiffeuses d’Afro Coif travaillent pour leur propre compte, elles obtiennent 40% sur la prestation et le directeur empoche le reste. Audrey, généreuse, donne un pourboire de 50FF et part, joyeuse, en caressant plusieurs fois ses cheveux, qu’elle gardera tout l’été.

Pendant ce temps-là, la coiffure d’Angélique prend forme. Les mèches naturelles longues et raides qui sont cousues sur ses tresses changent du tout au tout sa coupe habituelle.  » On peut défriser nos cheveux ou tout ce que l’on veut. Aujourd’hui, j’ai réalisé mon rêve de les avoir longs alors qu’auparavant je ne l’avais jamais tenté « . Pour toutes les bourses et pour tous les styles de coiffure et de coupe, Afro Coif assure. Il suffit de demander.

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