Attentats de Dahab : 30 Egyptiens arrêtés


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Une trentaine de suspects a été arrêté, mercredi, par les forces de l’ordre égyptiennes, suite au triple attentat qui a touché la ville balnéaire de Dahab, lundi soir. Cette zone touristique, non loin de la frontière entre l’Egypte, Israël et les territoires Palestiniens, a été la cible de trois attentats en 18 mois.

Par Fabienne Pinel

Alors que le triple attentat de la station balnéaire de Dahab, en Egypte, n’a toujours pas été revendiqué depuis lundi, soir du drame, trente Egyptiens, en majorité des bédouins, ont été arrêtés par la police qui a bouclé toutes les frontières du pays. Le bilan provisoire des victimes est, à ce jour, de 18 morts, dont six étrangers, et 83 blessés. Des dizaines de bédouins du Sinaï sont interrogés, depuis deux jours, par les forces de police, parfois sous la torture, indiquent certaines sources de sécurité.

Les habitants du Sinaï ont été systématiquement incriminés dans les derniers attentats qui ont secoué le Sinaï – Taba en 2004 et Charm el Cheikh en 2005 – accusés de vouloir déstabiliser le pouvoir en place, alors même que ces attaques étaient revendiquées par un groupe islamiste, Al-Tawhid wal Jihad de la mouvance d’Al-Quaïda. Celui-ci a d’ailleurs été reconnu responsable des attentats par la justice. Et, la presse égyptienne affirme « que les premiers éléments de l’enquête montrent un lien possible entre ces attaques et celles de Taba et de Charm el-Cheikh ». Un lien prématuré pour le ministre égyptien du tourisme. Le maire de la ville, Djoumaa Zeïdine, réfute la thèse de l’implication des bédouins arguant qu’ « aucun d’entre nous ne veut ruiner Dahab. Nous dépendons de Dahab pour notre subsistance ».

Premiers kamikazes en Egypte ?

Des sources de sécurité ont aussi signalé l’arrestation, mardi, de trois informaticiens égyptiens, originaires du Caire : Moumen Farouk Mohammad, Ali Karim Achraf Abdallah et Majed Ali Mahmoud. Arrivés à Dahab la veille des attentats, ils ont été arrêtés à la sortie de la ville, à peine une heure après les explosions, alors qu’ils présentaient de faux papiers d’identité à un barrage de sécurité et que l’un d’eux était blessé au nez.

Si les autorités ont d’abord privilégié la thèse d’un déclenchement à distance des trois explosifs, l’hebdomadaire égyptien gouvernemental, Al-Ahram a indiqué, mardi, que les attentats auraient été le fait de deux kamikazes, selon un responsable de la sécurité qui s’exprime sous couvert d’anonymat. Le journal précise que les bombes auraient été placées dans des sacoches en cuir. Il rapporte aussi que des enquêtes ADN sont en cours afin de vérifier si des parties de corps humains repêchées dans la mer Rouge pourraient appartenir aux kamikazes. Al-Ahram a ajouté qu’une chasse à l’homme est toujours en cours afin d’arrêter d’autres suspects et le Président, Hosni Moubarakn a promis de pourchasser les responsables des attaques, lors de sa visite aux victimes hospitalisées à Charm el-Cheikh.

Pâques sanglantes

La date du lundi 24 avril est importante en Egypte pour deux raisons : ce week-end prolongé marque les fêtes de Pâques et du printemps de Cham el-Nessim, mais elle est aussi la veille du 24ème anniversaire de la rétrocession du Sinaï par Israël à l’Egypte. De plus, la ville, située sur les rives de la mer Rouge, est une zone très touristique, réputée pour ses sites de plongée sous-marine. Les auteurs de ces attentats ont donc choisi de frapper au plus fort de la saison estivale, comme ce fut le cas pour les deux derniers attentats de la région du Sinaï.

Ces attaques terroristes sont de nature différente de celles qui ont ensanglanté le pays dans les années 90. Jusqu’en 1998, date de la trêve, des commandos de la Gamaa al-Islamiya, principal groupe armé du pays, semaient la terreur avec des opérations spectaculaires et extrêmement bien planifiées.

Nouveau radicalisme

Mais, après quelques années d’accalmie, une nouvelle génération de terroristes semble apparaître. Diaa Rachwan, spécialiste de l’islamisme armé au Centre d’études politiques et stratégiques d’al-Ahram, explique à RFI : « Ces terroristes ne visent plus les touristes dans le but de déstabiliser l’Etat mais parce qu’ils les considèrent comme des représentants d’un ennemi -l’Occident – qu’ils ne peuvent pas combattre directement, que ce soit en Afghanistan ou en Irak. Ils s’attaquent donc à ceux qu’ils ont sous la main et, en Egypte, ce sont les touristes. » Le chercheur précise, par ailleurs, que le mode opératoire des terroristes a lui aussi évolué : les matériaux et techniques utilisés pour la fabrication des bombes sont, à chaque fois, rudimentaires et le procédé peut être facilement téléchargé sur Internet.

Autre point qui inquiète les autorités égyptiennes : le radicalisme de ces groupes islamistes extrémistes qui, fait nouveau, iraient jusqu’à risquer leur vie. « L’Egypte, explique Diaa Rachwan, comme le reste du monde arabe, est confrontée à la multiplication des clones d’Al-Qaïda, qui partagent les mêmes objectifs et copient ses modes opératoires, mais qui n’ont pas de liens directs avec le réseau d’Oussama Ben Laden. » Le terrorisme kamikaze pourrait dorénavant frapper l’Egypte, après Israël, l’Afghanistan et l’Irak. Un contexte de violence qui pourrait permettre au raïs égyptien, au pouvoir depuis 24 ans, de museler avec force une opposition qui tend à se durcir depuis quelques mois. Et ceci au nom de la raison d’Etat.

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