Les deux kamikazes qui se sont fait exploser mardi dernier devant le siège du Conseil constitutionnel, à El Biar, et celui des Nations unies à Hydra, ont été identifiés quelques heures seulement après la revendication des deux opérations par le GSPC, à travers un communiqué diffusé sur leur site web.
Selon des sources sécuritaires, le premier kamikaze qui a foncé sur le Conseil constitutionnel est Charef Larbi, dit Abderrahmane Abou Abdenacer El Assimi, natif de Oued Ouchayeh, à Alger, et ancien membre du GIA. Le terroriste avait rejoint les maquis du GSPC, quelques jours seulement après son élargissement de la prison d’El Harrach, lors de la grâce décrétée en 2006 dans le cadre de la loi sur la réconciliation nationale. Selon les mêmes sources, le deuxième kamikaze, auteur de l’attentat contre le siège de l’ONU à Hydra, est Chebli Brahim, dit Abou Othmane, ou Ami Brahim, natif de Bordj Menaïel, wilaya de Boumerdès, et résidant dans le quartier de Heuraoua, dans la même wilaya. Il est considéré comme l’un des terroristes les plus anciens dans les rangs du GSPC.
Dans le communiqué revendiquant ces deux attentats, commis au nom de Abou Haidra, ou Redouane Fassila, l’émir de la zone 2, abattu par les forces de sécurité, il y a moins d’un mois, le GSPC donne les détails de ces deux actes criminels. Ainsi, selon le document en trois pages, en cette matinée du 11 décembre, les deux kamikazes, Abou Othmane et Abou Abdenacer Al Assimi, se sont dirigés à bord de leurs deux camions bourrés de 800 kg d’explosifs, chacun pour se faire exploser, l’un devant le siège de l’ONU, à Hydra, le détruisant totalement, et l’autre devant le Conseil constitutionnel. Dans le même document, le GSPC revendique et explique que ces deux attentats interviennent après une série d’autres dont l’attaque de l’aéroport de Djanet, commise sous la direction de l’émir du Sud, Yahia Abou Ammar, l’attentat à l’explosif commis par le groupe de Cheikh Assam Abou Hayane contre une patrouille de gendarmerie qui escortait les travailleurs de Trans Gaz, à Aïn Defla, le 8 décembre dernier.
Al-Qaida Maghreb renouvelle ses menaces
Le GSPC annonce dans la foulée avoir mis à la tête de la zone 2, en remplacement de Redouane Fassila, un certain Houdeifa Abou Youcef Al Assimi, présenté d’ailleurs comme le concepteur de ces attentats. « Ces opérations viennent rappeler aux croisés, qui ont colonisé nos pays et spoliateurs de nos richesses, la nécessité de bien entendre les revendications et les discours de Oussama Ben Laden (….). Les kamikazes du Maghreb se bousculent pour mourir tant que nos terres ne sont pas libérées, que les guerres que vous menez contre l’Islam ne s’arrêtent pas et que l’aide que vous portez aux traîtres et renégats de notre sang continue. Ces opérations ont été menées pour venger la mort de Abou Haidara, Abou Yahia, Ali Abou Dahdah et tant d’autres … », lit-on dans le communiqué qui conclut en appelant les jeunes à rejoindre les maquis et en faisant l’apologie des assassinats de ceux qu’ils qualifient de croisés en les désignant d’esclaves de l’Amérique et d’enfants de la France. Ce n’est pas la première fois que le GSPC revendique ses opérations kamikazes, sauf que cette fois-ci ce n’est plus à travers la chaîne qatarie Al Jazeera qu’il le fait, c’est sur un site internet islamiste qu’il a balancé le communiqué, avant qu’il ne le diffuse sur son site web durant la soirée de mardi.
A titre de rappel, quelques heures après les attentats du 11 avril dernier, contre le Palais du gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar, et qui ont fait au moins une trentaine de morts, il a également revendiqué les opérations kamikazes du 6 septembre dernier contre le cortège du Président à Batna et qui a fait 22 morts et plus de 100 blessés et contre une caserne de gardes-côtes à Dellys qui s’est soldée par la mort (le 8 septembre 2007) de 32 militaires. Cette manière de mettre en valeur « les trophées de guerre » entre dans le cadre de cette stratégie de vouloir coûte que coûte donner à sa logique meurtrière des ramifications internationales sous le label d’Al Qaïda. Parler de Oussama Ben Laden dans le dernier communiqué n’est qu’une énième tentative de réhabilitation après que des luttes intestines violentes au sein de l’organisation au sujet de la légitimité des actions terroristes ont provoqué une véritable saignée dans les rangs. Ce qui place le GSPC dans une phase des plus redoutables et des plus dangereuses.
Salima Tlemçani, pour El Watan
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