Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, l’espion libyen condamné pour l’attentat de Lockerbie, a quitté jeudi l’Ecosse pour finir ses jours sur le sol libyen. Il a été libéré par le gouvernement écossais pour des raisons médicales. Le terroriste souffre d’un cancer de la prostate en phase terminale.
Lentement, aidé d’une canne, Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi, tout de blanc vêtu, gravit les marches le menant à bord de l’avion. Il est libre. L’ancien haut responsable des services secrets libyens, condamné pour avoir organisé l’attentat de Lockerbie, a quitté ce jeudi l’aéroport de Glasgow en Ecosse pour la Libye. L’ancien officier de 57 ans, condamné par un cancer de la prostate, a bénéficié de l’indulgence de la justice écossaise qui avait ordonné, quelques heures plus tôt sa libération pour raisons humanitaires. « Notre système judiciaire demande que la justice soit rendue mais que la compassion soit possible, nos convictions imposent que la justice soit faite mais que la clémence soit accordée », a expliqué Kenny MacAskill, le ministre écossais de la justice. «Il est maintenant confronté à la justice d’en-haut (…) Il va mourir ». Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi n’aurait plus que trois mois à vivre.
« Ma joie est immense et indescriptible. C’est un grand moment que nous attendons depuis 9 ans », a confié son épouse à l’AFP Aïcha. A Washington, la décision a plutôt suscité de « profonds regrets ». L’espion libyen était le seul à avoir été écroué pour l’acte terroriste. Il avait écopé de la prison à vie en 2001 pour avoir fomenté l’attentat contre le vol 103 de la compagnie américaine Pan Am. L’avion, qui avait explosé en 1988 au dessus de la ville de Lockerbie, en Ecosse a causé la mort de 270 personnes, dont 189 Américains. Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi purgeait sa peine en Ecosse dont la Haute Cour de justice avait accepté qu’il renonce à sa deuxième demande d’appel. L’espion a toujours clamé son innocence. Cette procédure a ouvert la voie à sa libération à laquelle les Etats-Unis se sont opposés. Pour les Américains, il devait aller au terme de sa condamnation en dépit de la gravité de son état de santé. « Nous continuons à penser que Megrahi devrait accomplir sa peine en Ecosse », a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué.
À l’article de la mort
Dans une lettre adressée à la justice en juillet et publiée jeudi, Abdelbaset Ali Mohamed Al-Megrahi s’était déclaré « malade en phase terminale ». « Il n’y a pas d’espoir de guérison… Le personnel (de la prison) n’est pas réellement équipé pour faire face à de nombreux aspects de ma maladie en phase terminale. J’estime que l’emprisonnement accélère mon déclin ». Il rentre en Libye à la veille du début du ramadan.
Cette libération marque un nouveau tournant dans les rapports entre la Libye et l’Occident qui s’étaient améliorées suite au versement par Tripoli de compensations aux familles des victimes de l’attentat de Lockerbie. Les Libyens avaient aussi renoncé à la possession d’armes de destruction massive.