Le Federal Bureau of Investigation (FBI) a publié mercredi 1 avril 2013 les photos de trois personnes présentes au moment de l’attaque du Consulat de Benghazi le 11 septembre 2012. Le service de renseignement américain espère obtenir des témoignages pour faire avancer l’enquête dans une Libye en proie à une insécurité grandissante
Le FBI a publié sur son site Internet les photos de trois individus. Des individus présents au Consulat américain de Benghazi quand il a été attaqué par des islamistes. L’attentat avait coûté la vie à Christopher Stevens, diplomate américain. Le FBI ne mentionne pas le nom des trois personnes et ne précise pas non plus si elle les considère comme des suspects.
« Nous recherchons des renseignements sur trois individus qui étaient présents sur le sol de la mission américaine quand elle a subi l’attaque. Ces individus peuvent fournir des information qui fassent avancer l’attaque », a déclaré le FBI.
Trois personnes qui ne sont pour le moment pas considérées comme des suspects, mais qui apparaissent clairement armées sur les images.
Le meurtre du diplomate Christopher Stevens pose à nouveau le débat sur la fragilité de la sécurité en Libye. Un pays qui depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en octobre 2011, vit dans une profonde crise politico-sociale. Le mardi 21 avril 2013, l’ambassade de France à Tripoli a été la cible d’un attentat terroriste dont le bilan avait fait deux blessés parmi les gendarmes français.
Aujourd’hui, le trafic d’armes, la présence de milices et les attaques à main armée ont transformé le pays en une véritable poudrière. Une situation qui dépasse les autorités actuelles. Joint par Afrik.com, Jean-Yves Moisseron, chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), donne son opinion sur la question.
« La Libye est en situation de « quasi autonomie »
Sur l’impact que peut avoir la publication des photos par le FBI, il déclare : « la publication a peu d’impact. L’impact est très faible en réalité. L’intérêt de cette publication est limité vue la décomposition de l’État central. La Libye est en situation de « quasi autonomie ». L’État central est incapable de gérer les différentes régions. La publication des photos ne va rien changer ».
Concernant l’insécurité qui gagne du terrain dans ce pays, Jean-Yves Moisseron souligne qu’il y a quatre paramètres qu’il faut prendre en considération. Il note en premier lieu une fragmentation du territoire libyen qui empêche l’État central de mener une quelconque action contre les milices. Il souligne ensuite la destruction des Etats depuis une dizaine d’années avec l’apparition d’une politique de néocolonialisme. A cela s’ajoutent une diffusion de l’islamisme ou du djihadisme comme référence idéologique et enfin la guerre au Mali qui a largement contribué à faciliter le trafic d’armes d’une région à l’autre en Libye.
Sur les efforts de lutte contre le terrorisme menés par les gouvernements occidentaux en Libye, Jean-Yves Moisseron précise : « il faut être clair sur la définition de terrorisme. S’agit-il du terrorisme ou de groupes armés ? Là est la question. Ce qui est sûr c’est que la Libye est sous le règne des milices qui contrôlent les quartiers ».