Un attentat à la voiture piégée a fait ce lundi 13 mai une quinzaine de morts à Benghazi, en Libye. Cet attentat survient quelques jours après la prise d’assaut du ministère des Affaires étrangères et de l’Intérieur par des milices armées. Il relance à nouveau le débat sur la question de l’insécurité grandissante de ce pays.
La Libye peine à chasser ses vieux démons. Les habitants de Benghazi ont encore connu un réveil difficile ce lundi matin. Un attentat à la voiture piégée a en effet fait un lourd bilan : quinze morts, selon le ministère libyen de l’intérieur. L’attentat s’est produit sur le parking de l’hôpital al-Jala, situé dans l’est du pays. « Une voiture piégée a explosé sur le parking de l’hôpital al-Jala », indique un responsable de la sécurité sous l’anonymat.
Cet attentat est, sans doute, le énième perpétré sur le territoire libyen. Un territoire devenu, depuis la chute de Mouammar Kadhafi, une véritable poudrière. L’insécurité constitue le principal mot d’ordre.
Le danger se propage jusque dans les institutions étatiques et internationales. Le 23 avril dernier, l’ambassade de France à Tripoli, la capitale libyenne, a été la cible d’un attentat à la voiture piégée. Le bilan avait fait deux blessés parmi les gendarmes français. L’attentat avait préoccupé au plus haut sommet le gouvernement français dans son ensemble. Le président François Hollande avait alors exigé que « toute la lumière soit faite sur cette affaire ».
Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, dénonce un « acte lâche et odieux ». « Les terroristes qui ont voulu porter un coup à la France, à la Libye et à l’amitié entre la Libye et la France en seront pour leurs faits », a-t-il déclaré.
« Les milices font régner la loi »
A la fin du mois d’avril, une milice armée encercle des ministères libyens, dont le ministère des Affaires étrangères et de l’Intérieur. Les protestataires réclament en effet le départ des responsables et des hauts fonctionnaires qui ont servi l’ancien régime. Ils finissent par obtenir gain de cause.
Les députés du Congrès national général libyen (CNG), qui fait office de Parlement en Libye, adoptent une loi controversée interdisant à tous les anciens responsables du régime déchu de Mouammar Kadhafi de briguer des postes officiels.
« Les pays voisins s’inquiètent »
Aujourd’hui, la situation sécuritaire en Libye est plus préoccupante que jamais. L’invasion française au Nord-Mali n’a certainement pas été favorable à ce pays. Les terroristes se sont massivement réfugiés dans le Sud de la Libye où ils se livrent à la vente d’armes illicites. Une situation qui préoccupe de nombreux pays frontaliers dont la Tunisie et le Tchad.
Le président tchadien, Idriss Deby, avait accusé en avril dernier la Libye d’abriter des rebelles tchadiens, allant jusqu’à mentionner la présence de mercenaires regroupés dans la région de Benghazi en vue de mener des actions de déstabilisations dans son pays.
Aujourd’hui, même si les ministères sont libérés, la crainte de voir une recrudescence de la violence obsède de nombreux Libyens. L’impuissance notoire du gouvernement d’Ali Zeidan, actuel Premier ministre, à prendre à bras-le-corps la question de la sécurité, reste un sérieux problème.