Amadou Toumani Touré (ATT), le président malien, a lancé vendredi soir à Bamako un appel à la paix en direction des mouvements rebelles touaregs dans le Nord du pays. Il les a invités à l’unité et à la concorde afin de favoriser la reconstruction, la sécurité et le développement du Mali.
Par Youssouf Bâ, envoyé spécial de la PANA Bamako
S’exprimant lors d’une rencontre avec une délégation de l’Association populaire et sociale des tribus du « Grand Sahara », dépêchée par le guide Mouammar Kadhafi en vue d’une médiation de paix et de réconciliation entre les autorités maliennes et les tribus touaregs, le président Amadou Toumani Touré a loué l’initiative du leader libyen.
ATT a chargé les membres de la délégation d’informer les tribus touaregs dans le Nord du Mali ainsi que les mouvements rebelles de sa disponibilité ainsi que celle du peuple malien à réaliser la paix.
Il a réaffirmé son engagement de respecter tous les accords signés par son pays, que ce soit ceux d’Alger ou de Tripoli, affirmant que l’armée régulière du Mali qui est un creuset des populations du pays n’a jamais attaqué délibérément une région du pays, et que ses interventions sont toujours suscitées par des actes d’hostilité à son égard.
Le président malien a, à ce propos mis en exergue la coexistence pacifique, le mélange culturel et le brassage entre toutes les populations de son pays sans aucune discrimination et condamné les actes regrettables de l’assassinat dans la région de Kidal d’un officier touareg de l’armée malienne et d’un imam malien retrouvé mort.
Une délégation de sages mandatée par Kadhafi
De leur côté, les membres de la délégation de l’Association populaire et sociale des tribus du « Grand Sahara » ont affirmé avoir répondu à l’initiative et à l’appel du guide Kadhafi en vue de l’instauration de la paix, de la sécurité et de la stabilité au Mali. Ils ont souligné qu’ils sont porteurs d’un message de paix, de tolérance et de concorde des tribus du Grand Sahara au peuple malien.
Au président Toumani Touré, ils ont répondu que l’objectif de la mission de l’Association qui a vu le jour au Mali est de prendre contact avec les autorités maliennes et les tribus touaregs afin d’aboutir à une réconciliation et à la paix entre toutes les composantes du peuple malien, afin que ce pays vive en sécurité et dans la stabilité au service de la prospérité des ses populations.
Le guide libyen Mouammar Kadhafi avait, rappelle-t-on, en mars dernier à Kampala, en Ouganda, lors de sa 3ème rencontre avec les dirigeants de l’Association populaire et sociale des tribus du « Grand Sahara », appelé à la création d’un mécanisme d’alerte et de suivi afin d’observer et de suivre toutes les questions et problèmes relatifs aux tribus de cet espace saharien.
Il avait en outre chargé une délégation de sages de prendre contact avec le gouvernement tchadien et les rebelles pour examiner la manière susceptible de mettre un terme à ce conflit.
Dans ce cadre, le comité de suivi des décisions de l’Association populaire et sociale des tribus du « Grand Sahara » a décidé l’envoi de deux délégations au Mali, au Niger et au Tchad, en vue d’une médiation pour mettre fin aux conflits que connaissent ces pays.
ATT met en garde contre les menaces transfrontalières
Le président malien a affirmé que son pays condamne tous les actes néfastes qui ont été commis sur le terrain et sur lesquels des enquêtes ont été diligentées, en allusion à la mort d’un officier touareg de l’armée malienne et d’un imam dans le Nord du pays, et a affirmé sa détermination à combattre ce genre de pratiques et à retrouver les auteurs de ces actes.
M. Toumani Touré a réitéré l’engagement du Mali à respecter tous les accords signés avec la rébellion touaregue en vue du retour de la paix dans le Nord Mali, signalant que « c’est là un engagement d’honneur ». Il a, par conséquent, demandé à la partie en face de faire de même et de « savoir écouter et accepter le dialogue » affirmant que ceux qui ont pris les armes constituent un « petit groupe qui vit en marge du pays et de sa propre communauté » et qu’il ne s’agit pas de l’ensemble des touaregs.
En réponse à une question relative aux arguments d’exclusion et de non intégration dans la hiérarchie civile et militaire du pays avancés par les mouvements de rébellion touaregs, le président Toumani Touré a réfuté catégoriquement ces allégations citant une kyrielle de postes de hauts commis de l’Etat occupés par des touaregs, à l’instar de celui de 2ème vice-président de l’Assemblée nationale du Mali, la présence de deux ministres touaregs au sein du gouvernement, l’administration du Haut conseil des collectivités territoriales par un touareg et le commandement de la région militaire de Gao et Kidal par un officier touareg.
Evoquant les efforts de développement exigés par les rebelles touaregs, le président malien a indiqué que lors du Forum de Kidal destiné à la réflexion sur les moyens de promouvoir le développement durable des régions Nord du Mali, plus de 500 milliards de FCFA ont été arrêtés à cet effet et que 140 milliards ont été dégagés, prêts à être injectés, en plus de 12 milliards pour le projet de développement intégré de Kidal.
Il a, à ce propos soutenu que le développement ne peut pas être obtenu par les armes, « mais c’est dans la stabilité, dans la paix et dans une ambiance pacifique que l’on peut tous se consacrer au développement et à la reconstruction de notre pays ».
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