L’Afrique de l’Est, à travers le Kenya et la Tanzanie, occupe l’actualité du continent, ces derniers jours. Au menu, la visite du roi Charles III au Kenya et celle du Président allemand en Tanzanie. Dans les deux cas, la question des crimes coloniaux a été au centre des échanges.
Depuis mardi, le roi Charles III de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord est en visite au Kenya. L’annonce de cette visite a suscité, de la part de nombreuses associations, une demande à l’endroit du souverain britannique. Pour elles, Charles III doit demander pardon aux Kényans pour les nombreuses atrocités commises par son pays sous la colonisation.
« Il ne peut pas y avoir d’excuse »
Charles III savait donc sa parole fortement attendue sur cette terre kényane où sa mère a été couronnée, en 1952. Et il n’a pas éludé le sujet, même s’il n’a pas demandé pardon. « Des actes de violence odieux et injustifiables ont été commis à l’encontre de Kényans alors qu’ils menaient (…) une lutte douloureuse pour l’indépendance et la souveraineté. Et pour cela, il ne peut pas y avoir d’excuse », a déclaré le successeur d’Élisabeth II.
Au Kenya, la visite du roi Charles III à l’heure de la remise en cause de l’héritage colonial britannique https://t.co/V7AQN7OFEv
— Le Monde (@lemondefr) November 1, 2023
À travers ces propos, Charles III reconnaît sans ambages que des actes horribles ont été posés, notamment lors de la sanglante répression des Mau Mau qui avait fait plus de 10 000 morts, entre 1952 et 1960. À côté de ces milliers de morts au sein de la population locale, il y avait eu 32 morts dans le camp des colons.
Pour le roi britannique, il faut aller au-delà des excuses. « Rien de tout cela ne peut changer le passé. Mais en abordant notre histoire avec honnêteté et ouverture, nous pouvons peut-être démontrer la force de notre amitié, aujourd’hui et, ce faisant, nous pouvons, je l’espère, continuer à construire un lien toujours plus étroit pour les années à venir », soutient Charles III.
Des dédommagements pour des milliers de victimes d’atrocités coloniales
Les revendications de cette nature remontent à plusieurs années et avaient contraint le Royaume-Uni à exprimer, en 2013, des « regrets sincères » pour les atrocités coloniales commises au Kenya. La même année, le gouvernement britannique a dédommagé plus de 5 000 Kényans victimes de la répression des Mau Mau. Chacun d’eux avant touché une somme de 2 600 livres soit 3 000 euros, après déduction des frais de justice.
Le Président allemand demande pardon en Tanzanie
Contrairement au monarque britannique, le Président allemand, Frank-Walter Steinmeier, en visite en Tanzanie, a formellement demandé pardon au nom de son pays pour les horreurs de la période coloniale. « Je m’incline devant les victimes de la domination coloniale allemande. Et en tant que Président allemand, je voudrais demander pardon pour ce que les Allemands ont fait subir ici à vos ancêtres », a-t-il déclaré. Entre 1905 et 1907, la colonisation allemande a fait entre 200 000 et 300 000 victimes dans le rang des Maji-Maji entrés en rébellion.
Au cours de cette période, les Allemands ont emporté des restes humains africains dans leur pays. Le Président allemand a promis de restituer ces restes à la Tanzanie. Parmi ceux-ci, il y a notamment le crâne du chef Songea Mbano dont le Président a rencontré les descendants. « Je vous promets que nous nous efforcerons de le retrouver en Allemagne. Mais je ne vous promets pas de réussir », a indiqué Frank-Walter Steinmeier.
Il a également loué le courage de cet homme qui a refusé de devenir le suppôt du colonisateur, préférant se battre dignement au péril de sa vie. « J’ai honte ! J’ai honte de ce que les soldats coloniaux allemands ont fait subir à vos ancêtres », a déclaré le Président allemand à Songea, devant les descendants du valeureux chef.