» Les portes fermées « , film de Atef Hétata explore les méandres de l’âme et du corps adolescent. Le jeune Mohammed, torturé entre ses désirs violents et l’appel de la religion, est le héros de ce film pudique.
Mohammed a quinze ans. Il a les rêveries solitaires et l’éveil sexuel propres à son âge. Il vit seul avec sa mère, divorcée, indépendante et libre. Tout au long des » Portes fermées « , il va osciller : tantôt à la recherche d’émotions charnelles, qu’il réprime aussitôt confiant ses pensées impures à l’imam de la mosquée. Tantôt enfant bercé par sa mère, qui refuse que celle-ci lui prenne la main dans la rue. Il est encore tout à tour vendeur de fleurs ou élève appliqué pour apprendre le Coran.
Déroute d’un adolescent. Mais pointe la stratégie des musulmans qui s’appellent Frères et fournissent nourriture, compréhension et moralité à des ados à la dérive. On le serait à moins dans une société où les valeurs de l’islam sont magnifiées et partout présentes (sur les murs de la ville, dans la voix des minarets) et qui à côté de cela offre aux regards les images de femmes occidentales à moitié nues qui vantent un film ou un dentifrice.
Pétri de contradictions
Comment jeûner, vivre en ascète dans ce monde consumériste en diable ? C’est ce paradoxe gênant que vit le jeune Mohammed, qui préfère croire que sa tante Zeinab est infirmière et pas prostituée : » – Pourquoi les infirmières se maquillent ? – Pour réconforter les malades ! »
La caméra suit donc les tribulations de son héros dans les rues bruyantes du Caire. Avec subtilité, le réalisateur dresse un portrait de ce jeune pétri de contradictions, qui choisira finalement la voie la plus extrême : celle de l’Islam radical et celle du meurtre.
Un mot enfin de la mère du héros : une mère courage, maîtresse et travailleuse acharnée tout à la fois. Personnage magnifique qui tente de comprendre son fils, qui résiste aux assauts de son patron et sera humilié par le même.