Après avoir été repoussées plusieurs fois en raison de la situation explosive sur le terrain, les assises du Mouvement des forces démocratiques de Casamance se tiennent depuis mardi dans la capitale gambienne. Avec comme parrain, de poids, le président de la Gambie.
Une délégation restreinte pour une paix difficile. L’abbé Diamacoune, chef historique de la rébellion indépendantiste casamançaise, est arrivé à Banjul (Gambie) lundi après-midi, accompagné de trente-sept membres du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). Cette rencontre inter MFDC a été élargie aux bailleurs de fonds, aux pays garants – Gambie et Guinée Bissau – et au gouvernement du Sénégal. Elle doit permettre de constituer un nouveau bureau du mouvement, en vue des prochaines négociations avec le gouvernement sénégalais.
Dans ce cadre, le ministre gambien des Affaires étrangères, Sedat Jobe, a invité le MFDC à » enterrer l’idée première d’indépendance « . » Il faut vous consacrer à ce qui a été acquis lors de vos dernières assises, notamment la transformation du MFDC en mouvement politique, qui oeuvrerait pour une certaine autonomie « , a-t-il déclaré aux rebelles. Ajoutant : » Il faut une unité retrouvée pour que le MFDC puisse parler d’une seule voix quand il fera face au Sénégal pour les négociations. »
Regain de violence
On rappelle que des combats opposent régulièrement deux branches indépendantistes rivales : celle du chef d’état major » officiel » du MFDC, Léopold Sagna, et celle de Salif Sadio, chef de guerre devenu l’ennemi public numéro un du gouvernement sénégalais. Quant à Alexandre Djiba, l’ancien porte-parole du mouvement actuellement à Bissau, il travaillerait à créer sa propre branche armée.
De plus, les deux accords de paix qui ont été conclus entre le gouvernement sénégalais et l’abbé Diamacoune en mars dernier n’ont pas mis fin à l’insécurité qui règne dans la région. Ce week-end encore, la région de Bignona, au nord de la Casamance, a connu un regain de violence meurtrière.
Pourtant, la volonté de la Gambie de s’impliquer davantage dans le règlement du conflit et le » parrainage » de ces assises par le président Yaya Jammeh, semblent représenter une lueur d’espoir pour mettre fin à 19 ans de guerre civile.