Assia veut retrouver son Algérie


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Assia Djebar écrit bien, très bien. La langue française est sa patrie. L’Algérie son cauchemar et son amour. Amours douloureuses. Dans Oran, langue morte, sorti en poche chez Babel, elle crie, cisèle, peint… son amour ensanglanté par les fous de Dieu. Elle pleure ses amis et son pays. Avec un talent de génie.

Oran, langue morte. Le titre, énigmatique, est une ouverture vers le cimetière. Des vivants et des morts. Zombies. Les vivants sont en sursis, les morts ne le sont jamais totalement. Avec une rare maîtrise de la langue française et de l’arabe, Assia Djebar, orfèvre du verbe, cisèle ses douleurs et ses abattements. Incompréhensions et deuils infinis. C’est avec une rage froide, née d’un amour déçu, qu’Assia Djebar s’attaque aux années noires de l’Algérie. Ces années où les intellectuels et journalistes tombaient comme des oiseaux. Cela donne des nouvelles tristes. Justes mais tristes. Belles mais -toujours- tristes. L’écrivaine exorcise ses angoisses.

Vivre à Oran et y mourir

Le livre de Assia Djebar est résolument féminin. Femmes abattues, femmes battues, égorgées. Femmes rebelles, battantes. Assia donne la parole aux Algériennes. Comme sur la couverture du livre, La mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix, l’homme est cet être qui tient le couteau. Son rôle se trouve en marge de la raison. Comment comprendre la folie (sanguinaire) ? Dans la nouvelle  » La femme en morceaux « , l’histoire des mille et nuits, l’enseignante n’ira jamais au bout de l’histoire. On entend encore le rire hystérique de l’assassin. La langue française devient une patrie, un paradis. Ou simplement un havre de repos. Boucher les oreilles entre les nouvelles. Car ce livre est une plainte continue.

Assia Djebar libère un flot de violence réparateur. Oran, langue morte est à l’image du proverbe oranais : on y rentre en courant et on en sort en fuyant. Difficile de se regarder dans une glace. Un livre coup de poing.

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