Les autorités algériennes tenteraient de mettre la pression sur leurs homologues espagnoles, en tentant de jouer la même carte migratoire utilisée, il y a quelque temps, par le Maroc pour faire plier l’Espagne, au plus haut de la crise entre Rabat et Madrid.
Le CNI (Centre national de renseignement) a alerté le gouvernement espagnol de l’arrivée massive, dans les mois à venir, de migrants en provenance d’Algérie. Le service de renseignements espagnol alerte que la tension entre l’Algérie et l’Espagne serait à l’origine de cette invasion annoncée de migrants venant d’Algérie. Selon les médias espagnols, l’arrivée de pas moins de 10 000 migrants est attendue à Formentera, Ibiza, Murcie et Almeria. Une pression que tenterait d’exercer l’Algérie et qui rappelle des pratiques récemment attribuées au royaume du Maroc.
Au plus haut de la crise avec l’Espagne au sujet notamment de l’affaire Brahim Ghali, le Maroc avait créé une véritable crise migratoire, laissant passer des milliers de candidats à l’émigration clandestine. Une action qui avait plongé Madrid dans la tourmente, au point que le gouvernement espagnol a fini de trouver une monnaie d’échange. Car, Pedro Sanchez a finalement reconnu la marocanité du Sahara. Et depuis le changement de position de l’Espagne, Alger a aussi adopté une nouvelle posture et pose des actes pour le moins hostiles vis-à-vis du royaume ibérique. Un revirement de Pedro Sanchez sur la question du Sahara que compte faire payer Alger, qui a tenté plusieurs cartes.
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L’Algérie pourra-t-elle faire changer d’avis l’Espagne ?
En effet, après avoir rappelé son Ambassadeur en poste à Madrid, l’Algérie avait menacé de revoir ses accords énergétiques avec l’Espagne. Non sans mettre en garde le royaume ibérique de ne pas envoyer du gaz algérien vers le Maroc. Alors qu’on s’y attendait le moins, Alger, a, le 8 juin dernier, «décidé de procéder à la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle a conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne et qui encadrait jusqu’ici le développement des relations entre les deux pays». Une décision qui a fait réagir l’Union Européenne, contraignant les autorités algériennes à battre en retraite.
Sans tarder, voilà que l’Algérie est soupçonnée de jouer la carte de la migration pour sanctionner la décision du gouvernement espagnol. Pour quels résultats ? L’Algérie pourra-t-elle faire changer d’avis l’Espagne sur la question du Sahara, ou bien Alger compte juste faire regretter à Madrid sa décision ? Rien n’est moins sûr. La seule chose qui est certaine est que l’inquiétude gagne du terrain en Espagne où l’on craint l’arrivée massive de migrants algériens dans les îles. D’autant que l’invasion interviendrait en pleine saison touristique et que les dispositifs de surveillance et de gestion des flux migratoires ne sont pas suffisamment renforcés dans ces îles. Pourtant, après le cas Maroc, l’Espagne avait annoncé des dispositions, mais seulement du côté de sa «frontière» avec le royaume chérifien.
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En effet, il était prévu que la Garde civile allait procéder à l’installation d’un nouveau système de surveillance aux frontières terrestre, aérienne et maritime de Melilla avec le Maroc. L’Espagne avait décidé de renforcer le contrôle et la surveillance et d’empêcher ainsi les tentatives d’assauts de migrants. Un nouveau système de surveillance qui, selon Infodefensa, consiste à installer cinq stations fixes dans différentes parties de l’enclave espagnole. Ce système, connecté à un poste de commandement, devait permettre «la détection, le contrôle et le suivi des migrants, de jour comme de nuit». Un lourd budget de 2,5 millions d’euros avait été prévu pour ce vaste projet. Madrid ne manquera certainement pas de déployer le même mécanisme de surveillance au niveau de ses points d’accès depuis l’Algérie.
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