L’Erythrée est en train de se fermer au monde. Après l’expulsion du représentant de l’Union européenne, les autorités d’Asmara durcissent le ton avec l’opposition locale et compromettent, ainsi, leur coopération avec leurs principaux bailleurs de fonds.
Expulsions des ambassadeurs. Rome a donné 72 heures, mardi dernier, à l’ambassadeur érythréen, Tseggai Mogos, pour quitter l’Italie. Cette expulsion expéditive répond à celle du représentant de l’Union européenne (UE) à Asmara, l’ambassadeur italien Antonio Bandini, qui a été prié vendredi de quitter l’Erythrée.
Asmara n’a pas aimé les critiques du représentant de l’UE concernant l’arrestation de plusieurs opposants érythréens ainsi que la suspension des journaux indépendants. » Le président Issaias Afeworki est en train d’asphyxier son pays en lui imposant une dictature déguisée. Après la fin de la guerre contre l’Ethiopie, le régime s’est empressé de se retourner contre » l’ennemi intérieur « , contre son opposition « , analyse un diplomate occidental.
Au bord du gouffre
L’Union européenne menace l’Erythrée de réviser ses accords de coopération et de développement, notamment les accords de Cotonou qui sont une manne financière non négligeable pour Asmara. Toutes les capitales européennes ont convoqué les ambassadeurs érythréens pour leur faire part de cette menace et pour inviter l’Erythrée à revenir à la raison. » Nous demandons instamment aux autorités érythréennes de revenir sur cette mesure, qui risque de compromettre les relations nouées entre l’Erythrée et l’Union européenne, notamment dans le domaine de la coopération « , affirme le porte-parole du Quai d’Orsay (France).
Selon l’AFP, sept anciens ministres ou généraux, opposants du président érythréen Issaias Afeworki, ont été arrêtés mardi matin à Asmara. Ils ont été interpellés à leurs domiciles aux premières heures de la matinée. Parmi eux figurent l’ancien ministre de l’Intérieur Mahmud Ahmed Sheriffo et deux anciens ministres des Affaires étrangères, Petros Solomon et Haile Woldensae. Tous ces opposants étaient les compagnons d’armes du président à qui ils reprochent ses méthodes dictatoriales.
Craignant pour sa propre sécurité, l’ambassadeur de l’Erythrée auprès de l’Union européenne a démissionné de son poste ce lundi et s’est réfugié aux Etats-Unis. Le champ politique se rétrécit dangereusement à Asmara.